Pages

3 juin 2024

L'accord sur les otages de Biden menace l'existence d'Israël, par Asher Fredman

Si les combats s'arrêtent avec le Hamas au pouvoir, le « jour d'après » ne commencera jamais. Nous reviendrons simplement au 6 octobre. Mais cette fois-ci, avec une dissuasion nulle.

 

Asher Fredman

L'accord proposé par le président américain Joe Biden dans son discours du 31 mai sur la guerre à Gaza est fallacieux et désastreux. Ses remarques reflètent l'échec des paradigmes, des illusions et des vœux pieux qui ont conduit au 7 octobre. Le plan qu'il a décrit, s'il était mis en œuvre, créerait une menace existentielle pour l'État d'Israël

Les affirmations trompeuses et dangereuses du président Biden sont nombreuses. Voici quelques-unes des plus flagrantes : le président américain a commencé son discours en déclarant que son objectif était de mettre fin à la guerre, « une guerre qui... crée un meilleur “jour d'après” à Gaza sans le Hamas au pouvoir... ». Cependant, le reste de son discours ne contient aucune mesure concrète ou feuille de route pour chasser le Hamas du pouvoir. Au contraire, les grandes lignes proposées permettraient au Hamas de rester au pouvoir et de reconstituer sa puissance militaire.

Le danger trompeur de la restitution des otages proposée par M. Biden

Le président Biden a assuré que « les civils palestiniens retourneraient chez eux [...] dans toutes les zones de Gaza, y compris le nord ». Il semblait affirmer que seuls les civils retourneraient dans le nord de la bande de Gaza. Mais le fait est qu'il n'y aurait aucun moyen de s'assurer que les combattants du Hamas n'y retournent pas également. Ces combattants ne portent pas d'uniformes et leurs armes sont cachées dans les centaines de tunnels qui existent encore dans le nord de Gaza.

Avec ce plan, le Hamas réaffirmerait rapidement son contrôle sur chaque centimètre carré de la bande de Gaza.

M. Biden a ensuite fait une déclaration d'une audace sans pareille : « Le peuple d'Israël doit savoir qu'il peut faire cette offre sans risque supplémentaire pour sa propre sécurité parce qu'il a déjà dévasté les forces du Hamas au cours des huit derniers mois... » En réalité, le Hamas compte encore de nombreux combattants et dirigeants indemnes, même s'il opère désormais sous la forme de petites cellules terroristes plutôt que de bataillons, ou s'il fait profil bas jusqu'au retrait des forces de défense israéliennes.

Une fois la reconstruction entamée à Gaza, le groupe terroriste islamiste reconstituerait rapidement ses capacités. L'idée que laisser le Hamas au pouvoir ne constitue pas un risque grave pour la sécurité d'Israël, en particulier pour les Israéliens de la région du Néguev occidental, est ridicule.

Le président Biden a suggéré que les États-Unis « aideraient à forger une résolution diplomatique, qui garantisse la sécurité d'Israël » et qu'« avec un accord, la reconstruction de Gaza commencera... d'une manière qui ne permette pas au Hamas de se réarmer ».

Il ignore une vérité dérangeante : les résolutions diplomatiques ont échoué à maintes reprises. Elles n'ont pas empêché le Hezbollah d'augmenter considérablement son arsenal à la suite de la deuxième guerre du Liban, pas plus qu'elles n'ont empêché la contrebande massive d'armes vers le Hamas depuis l'Égypte à la suite des précédents épisodes de combats à Gaza.

De même, avancer qu'avec le Hamas toujours au pouvoir, la reconstruction pourrait avoir lieu sans permettre au groupe terroriste de se réarmer est tout simplement risible. La guerre actuelle à Gaza a révélé à quel point les fournitures qui sont entrées à Gaza au fil des ans, y compris à des fins humanitaires, ont été utilisées avant tout par le Hamas pour construire son infrastructure terroriste.

En ce qui concerne ceux qui s'opposeraient à un tel plan, Joe Biden a affirmé que « les otages ne sont pas une priorité pour eux ».

Cette affirmation est fausse et scandaleuse.

Certains reconnaissent que laisser le Hamas au pouvoir détruira la dissuasion d'Israël et encouragera d'innombrables attaques meurtrières et enlèvements d'Israéliens. Cela ne signifie pas qu'ils se soucient moins des otages. Ils estiment simplement que les efforts visant à libérer les otages doivent se fonder sur une compréhension pragmatique du Moyen-Orient et de l'ennemi psychopathe mais intelligent qui est face à Israël.

Il est important de comprendre que si le Hamas est prêt à libérer certains otages, il ne les libérera jamais tous, car ils servent de bouclier humain à ses dirigeants. Selon l'accord décrit par M. Biden, le cessez-le-feu se poursuivra et le Hamas restera au pouvoir tant que les négociations sur la deuxième phase de la libération des otages dureront - des négociations qui peuvent trainer des années.

M. Biden a ensuite assuré que « les États-Unis veilleront toujours à ce qu'Israël dispose de ce dont il a besoin pour se défendre ».

Qu'on ne s'y trompe pas. M. Biden n'a pas dit qu'il soutenait le droit d'Israël à détruire les organisations terroristes génocidaires qui s'acharnent sur lui.

Il a dit qu'Israël aura le droit d'abattre les roquettes tirées sur ses villes, alors que ses citoyens se cachent dans des abris. Telle est la doctrine Biden à l'égard d'Israël : La défense, oui. L'offensive, non.    Le président Biden a conclu son intervention par cette phrase : Il est temps que cette guerre se termine et que le « jour d'après » commence. Cette phrase résume l'échec des paradigmes qui ont conduit au 7 octobre. L'idée selon laquelle il suffit d'arrêter le combat pour que le « jour d'après » puisse commencer est totalement fausse.

Si les combats cessent avec le Hamas au pouvoir, le « jour d'après » ne commencera jamais. Nous reviendrons simplement au 6 octobre. Mais cette fois-ci, avec une dissuasion nulle, un cercle de terroristes enhardis le long de toutes les frontières d'Israël, et de grandes parties du territoire israélien au sud et au nord abandonnées en raison des menaces terroristes permanentes.

Pour être juste, il n'est pas certain que M. Biden décrive avec précision les grandes lignes de l'accord proposé par Israël, ni qu'il n’y mette pas sa propre touche. Si un dirigeant israélien estime qu'il est nécessaire et correct de laisser le Hamas gagner afin du retour de certains des otages, il doit se lever et le dire clairement.

Le dilemme est déchirant.

L’accord, tel qu’il est décrit par le président Biden, créerait une menace pour l'existence même d'Israël. Il entraînerait d'innombrables attaques terroristes, des enlèvements, l'instabilité et la guerre. Les décisions d'Israël doivent être fondées sur une reconnaissance lucide de la réalité, aussi impitoyable soit-elle.

__________________________________________

Références :

Biden's deceptive hostage deal threatens Israel's existence - opinion

Par Asher Fredman, Jerusalem Post, le 2 Juin 2024 1

Senior Managing Fellow à l'Institut Misgav pour la sécurité nationale, Asher Fredman est le directeur pour Israël de l'Institut pour la paix des accords d'Abraham. Asher a fondé auparavant le Forum israélo-émirati, la plus grande plateforme active de relations interpersonnelles des accords d'Abraham, et a été membre fondateur du Conseil d'affaires EAU-Israël. De 2010 à 2019, il a occupé diverses fonctions au sein du ministère israélien des affaires stratégiques, du ministère de la sécurité publique et de la direction nationale des communications du bureau du Premier ministre, notamment en tant que chef de cabinet du ministre des affaires stratégiques.. Originaire de New York, Asher est titulaire d'une licence et d'une maîtrise de l'université de Harvard en gouvernement et en études moyen-orientales. Il vit en Israël avec sa femme et ses quatre enfants.