Au lendemain du massacre du 7 octobre 2023, l'Autorité palestinienne et son chef, Mahmoud Abbas, ont déclaré publiquement qu'ils s'engageaient à reprendre le contrôle de la bande de Gaza et à renforcer la position de l'Autorité palestinienne.
Col Maurice Hirsch |
Leur détermination a été minorée par les
réserves d'Israël, mais encouragée par les États-Unis. Le président américain
Joe Biden a déclaré que "Gaza et la Cisjordanie devraient être réunies
sous une structure de gouvernance unique, en fin de compte sous une Autorité
palestinienne revitalisée...."
Le mot "revitalisée" étant ambigu
et peu utilisé pour exprimer les changements critiques et fondamentaux qu'une
structure de gouvernance défaillante doit subir, Abbas a saisi l'occasion
d'employer le tristement célèbre "jeu du bonneteau" pour tromper le
monde.
Pour atteindre son objectif, Abbas et l'AP
mettent en œuvre plusieurs changements cosmétiques pour affirmer que l'AP a été
"revitalisée". Alors que la machine de propagande de l'AP s'efforce
de justifier ces changements, la vérité est qu'ils n'ont aucune importance.
Abbas ne veut pas de changement. Il est le
dirigeant autocratique, corrompu et largement critiqué de l'AP depuis 19 ans.
Lui, sa famille et ses acolytes ont amassé d'énormes fortunes personnelles qui,
dans le cas d'Abbas, auraient atteint 100 millions de dollars.(1) Ses fils ont
accumulé des fortunes de plus de 300 millions de dollars, contrôlant des
monopoles sur l'importation de cigarettes et dans les domaines du génie civil,
de l'électronique, de l'immobilier et des communications cellulaires. (2)
Le
dictateur Mahmoud Abbas
Abbas et l'AP constituent une catastrophe
pour le public palestinien. L'AP en faillite qu'Abbas a héritée de son
prédécesseur, Yasser Arafat, s'est progressivement mais sûrement enfoncée dans
des abîmes encore plus profonds. Chaque tentative de faire avancer le processus
de paix, même en cas de retrait d'Israël, s'est heurtée au refus d'Abbas.
Sur le plan interne, la corruption de l'AP
est monnaie courante. L'AP n'a jamais mis en place un système judiciaire
indépendant ou d'autres instruments de gouvernance légitime. Les organisations
de sécurité de l'AP ont surgi et ont prospéré comme des champignons après la
pluie. À un moment donné, les mécanismes
de sécurité de l'AP comptaient même plus de généraux que l'armée américaine.
(3) Abbas impute régulièrement les échecs de l'AP à Israël, aux États-Unis ou à
d'autres puissances occidentales.
Alors qu'Abbas et les dirigeants de l'AP
rejettent la responsabilité sur tout le monde et sur n'importe qui, le peuple
palestinien n'est pas été dupe. Dès 2006, lorsqu'il a eu la possibilité de
voter aux élections du parlement de l'Autorité palestinienne et de choisir
entre le Fatah, le parti d'Abbas, et le Hamas, l'organisation terroriste
internationalement désignée. Le peuple palestinien a opté pour le Hamas.
Après le rejet du gouvernement du Hamas par
la communauté internationale, Abbas a déposé le Hamas et installé un
gouvernement dit de "technocrates". Le fait que le Hamas reste une
organisation terroriste génocidaire ne semblait pas déranger Abbas. Il
craignait la perte potentielle du contrôle, des contrats et du butin
correspondant. La convergence des intérêts a bien fonctionné pour Abbas. Il a
mis le Hamas sur la touche et reproché à Israël et aux États-Unis de lui avoir
forcé la main.
Les sondages d'opinion palestiniens montrent
aujourd'hui une opposition publique sans précédent à Abbas et à son parti, le
Fatah, tandis que le Hamas n'a cessé de se renforcer.(4)
Dans leurs relations avec Israël, Abbas et
l'Organisation de libération de la Palestine (OLP) - également dirigée par
Abbas - ont utilisé l'AP comme un véhicule efficace pour promouvoir le
"Plan par étapes" visant à détruire Israël.(5) Adopté par l'OLP en
1974, le "Plan par étapes" a défini les principes selon lesquels
l'OLP a opéré depuis lors. Ce plan prévoit le recours à la terreur pour
atteindre ses objectifs et la décision stratégique de prendre tout point
d'appui territorial possible comme tremplin pour poursuivre sur la voie de la
destruction d'Israël.
Le système éducatif de l'AP a été radicalisé
et utilisé pour éduquer, génération après génération, les Palestiniens à
participer à la terreur et à enseigner la subversion d'Israël. La glorification
du terrorisme a été de règle. Abbas a mis en place le programme de récompense
des terroristes "Pay-for-Slay", (payer pour tuer) dépensant des
centaines de millions de dollars chaque année pour payer des salaires et des
allocations considérables aux terroristes emprisonnés et à leurs familles. Dans
le même temps, Abbas a lancé une campagne juridiciaire internationale sur
plusieurs fronts pour délégitimer Israël auprès de la communauté et de
l'opinion publique internationale.
Changements
esthétiques lorsque la chirurgie est nécessaire
Compte tenu de son bilan et de l'appel des
États-Unis à "revitaliser" l'AP, M. Abbas tente à nouveau de tromper
les Américains et la communauté internationale en adoptant des changements
cosmétiques.
Fin janvier 2024, l'AP a annoncé une série de
réformes, notamment
- la nomination de nouveaux gouverneurs
régionaux (pour remplacer douze d'entre eux qu'Abbas avait limogés en août
2023),
des changements dans les mécanismes de recrutement des forces de sécurité de l'AP (qui recrutaient même des terroristes) (6), - des changements sur le marché des médias (qui
s'était rétréci à mesure qu'Abbas consolidait son régime dictatorial)
et une restructuration du secteur de la santé. - des changements dans les mécanismes de recrutement des forces de sécurité de l'AP (qui recrutaient même des terroristes) (6),
- des changements sur le marché des médias (qui s'était rétréci à mesure qu'Abbas consolidait son régime dictatorial)
- et une restructuration du secteur de la santé.
À l'époque, de hauts responsables de
l'Autorité palestinienne ont déclaré que Washington avait demandé ces mesures
pour "revitaliser l'Autorité palestinienne "(7).
Aujourd'hui, le gouvernement de l'AP a
démissionné (8), ce qui permet à Abbas de feindre à nouveau la légitimité et de
nommer un nouveau gouvernement de technocrates "revitalisé".
Abbas a approuvé ces changements cosmétiques
et insignifiants, pensant qu'ils assureraient la survie de l'AP. Il est
conforté par les engagements répétés des États-Unis en faveur de la
"solution à deux États" et par les rumeurs selon lesquelles le
secrétaire d'État américain, M. Blinken, a ordonné à ses collaborateurs
d'examiner les implications de la reconnaissance par les États-Unis de
l'inexistant "État de Palestine".
Malgré les déclarations américaines,
l'Autorité palestinienne a été un échec cuisant. Malgré des dizaines de
milliards de dollars d'aide au cours des 30 dernières années, l'échec
systématique de l'AP et de ses dirigeants à mettre en place un gouvernement
fonctionnel et viable est patent depuis plus de vingt ans.
Le facteur supplémentaire qui sape la bonne
foi des réformes et représente un danger croissant, est le discours russe sur
la "réconciliation palestinienne". (9) Alors que la réconciliation
est souvent positive, la "réconciliation palestinienne" signifie
qu'un nouveau lien sera formé entre le Fatah, le parti détesté d'Abbas, et le
mouvement génocidaire du Hamas. Les pourparlers de réconciliation entre les
deux rivaux se poursuivent depuis que le Hamas a pris le contrôle de la bande
de Gaza en 2007 - suite à sa victoire électorale l'année précédente - en tuant
des membres du Fatah, parfois en les jetant du haut d'immeubles, parfois en
traînant leurs corps dans les rues de Gaza.
Faciliter la survie du Hamas par la
"réconciliation" et permettre au mouvement de continuer à jouer un
rôle central dans la société palestinienne serait inacceptable pour Israël, qui
a juré de détruire les capacités militaires et de gouvernance du mouvement
terroriste qui a planifié et dirigé le massacre du 7 octobre.
En cas de succès, les efforts menés par la
Russie saperaient les efforts de l'administration américaine pour aider les
Palestiniens à lutter contre la terreur et mettrait en échac l'appel répété du
président Biden à "éliminer" le Hamas.
Recommandations politiques
Les mesures fragmentaires proposées par Abbas
pour "revitaliser" efficacement l'AP sont insuffisantes. Pour
"revitaliser" l'AP, une stratégie à deux volets doit être adoptée :
l'une portant sur ses relations avec Israël et l'autre sur la gestion de sa
gouvernance interne.
En ce qui concerne les relations de l'AP avec
Israël, le général de brigade (res) Yossi Kupperwasser et cet auteur ont
récemment défini six mesures non négociables que l'AP doit prendre comme
condition de sa reconstruction (10) . Ces mesures comprennent la nécessité de
condamner le massacre du 7 octobre, d'abolir la politique de l'AP/OLP
"payer pour tuer", de reconnaître Israël comme l'État du peuple juif,
de cesser l'incitation au meurtre et la glorification de la terreur contre les
Israéliens, de mettre fin à toutes les attaques politiques de l'AP contre
Israël dans les forums internationaux, tout en luttant activement contre la
terreur.
En ce qui concerne le fonctionnement interne
de l'AP, plusieurs mesures nécessaires doivent être adoptées.
Tout
d'abord, M. Abbas, âgé de 88 ans, doit démissionner.
Aujourd'hui dans la 19e année de son premier mandat de quatre ans, Abbas n'a
jamais été populaire parmi les Palestiniens, et sa corruption manifeste a
conduit l'opinion publique à exiger qu'il quitte son poste de chef de
l'Autorité palestinienne. De nouvelles élections devraient être organisées sous
supervision internationale, pour le poste de président et pour les parlementaires
de l'Autorité palestinienne. Les organisations terroristes désignées par la
communauté internationale, telles que le Hamas, le Front populaire de
libération de la Palestine et le Front démocratique de libération de la
Palestine, ne seraient pas autorisées à y participer, qu'elles se présentent
sous leur propre nom ou sous un pseudonyme. Le nouveau président de l'Autorité
palestinienne et le Parlement fonctionneraient sous une stricte tutelle
internationale afin d'empêcher leur radicalisation.
Deuxièmement,
la direction et le personnel du ministère des finances de l'Autorité
palestinienne devront être remplacés par du personnel international agréé,
qui veillera à l'élimination de la corruption et à ce que le budget de
l'Autorité palestinienne soit dépensé aux fins pour lesquelles il a été conçu,
et non pour enrichir la famille d'Abbas ou les copains du Fatah, ou pour
encourager, soutenir et récompenser la terreur.
Troisièmement,
le système judiciaire de l'Autorité palestinienne, sur lequel Abbas exerce un
contrôle total, doit être dissous et reconstitué
sous la direction et le contrôle d'autorités internationales agréées (11).
Enfin,
l'Autorité palestinienne doit rompre ses liens avec l'OLP,
qui compte toujours parmi ses membres des organisations terroristes désignées
au niveau international et à laquelle l'Autorité palestinienne verse chaque
année des centaines de millions de dollars sans justification. (12)
Ce n'est qu'après l'adoption de ces mesures
préliminaires, tant sur le plan interne que dans ses relations avec Israël,
qu'il sera possible d'évaluer plus avant ce à quoi ressemblerait une AP
véritablement "revitalisée".
Notes:
- https://nationalpost.com/news/canada/palestinian-authority-wants-ottawas-help-seizing-former-arafat-advisors-canadian-assets︎
- https://jcpa.org/article/the-businesses-of-mahmoud-abbas-and-his-sons/#_edn5︎
- https://palwatch.org/page/15753︎
- https://www.pcpsr.org/sites/default/files/Poll%2090%20English%20Full%20text%20Dec%202023.pdf︎
- https://palwatch.org/page/31984︎
- https://palwatch.org/page/18260︎
- https://www.timesofisrael.com/pa-launches-reforms-aimed-at-revitalization-but-structural-changes-remain-elusive/︎
- https://english.wafa.ps/Pages/Details/142023︎
- https://www.timesofisrael.com/we-need-palestinian-unity-pa-premier-urges-factions-to-meet-in-moscow-next-week/#:~:text=Hamas%20et%20le%20petit%20islamique,vers%20les%20accords%20de%20paix%20signés.︎
- https://www.timesofisrael.com/6-fundamental-steps-toward-a-revitalized-palestinian-authority/︎
- https://al-shabaka.org/briefs/dismantling-abbass-rule-over-the-palestinian-judiciary/︎
- https://palwatch.org/page/16701
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Références :
The PA Tries to
Fool the World, traduction Le Bloc-note
Par le Lt.-Col.
(res.) Maurice Hirsch , JCPA, le 3 mars 2024
Le lieutenant-colonel (res.) Maurice Hirsch a
été directeur du parquet militaire pour la Judée et la Samarie. Depuis qu'il a
pris sa retraite de l'armée israélienne, Maurice Hirsch a travaillé comme chef
des stratégies juridiques pour Palestinian Media Watch, comme consultant
militaire principal pour NGO Monitor, comme conseiller auprès du ministère de
la défense et comme chef d'un comité consultatif au sein du ministère de
l'intérieur. Hirsch a été l'architecte de la loi israélienne qui retire la
citoyenneté aux terroristes israéliens qui ont été reconnus coupables
d'infractions terroristes, condamnés à une peine privative de liberté et qui
reçoivent un paiement de l'Autorité palestinienne en guise de récompense pour
leurs actes de terreur.