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16 févr. 2024

L'accusation américaine de "bombardements aveugles" est excessive, par Michael Oren

Washington devrait savoir que le nombre de morts civils à Gaza est relativement faible - ses accusations mettent en danger la sécurité d'Israël.

Michael Oren

Chaque mort civile est une tragédie. Frappé par le type et l'immensité des atrocités commises contre Israël, un autre pays aurait probablement réagi avec une force bien plus grande et infligé un nombre bien plus élevé de victimes civiles. Mais Israël est l'État juif, non seulement dans la manière dont nous menons notre vie quotidienne, mais aussi dans la manière morale dont nous nous défendons.

Même lorsque l'ennemi utilise sa propre population comme bouclier humain, Israël doit faire tout son possible pour réduire les dommages causés aux civils. Il ne s'agit pas seulement d'un intérêt stratégique pour Israël - les victimes civiles contribuent à étayer les accusations de crimes de guerre et de génocide qui pourraient donner lieu à des boycotts et à des sanctions - mais aussi d'un impératif moral.

C'est pourquoi les Forces de Défense d'Israël prennent des mesures sans précédent pour avertir les civils des actions imminentes et les évacuer des zones de combat. C'est pourquoi, en dépit d'obstacles apparemment insurmontables, Israël a maintenu le taux le plus bas de pertes entre combattants et civils dans les guerres modernes, comme le montrent les propres statistiques du Hamas.

Comment, dès lors, l'administration Biden peut-elle accuser Israël de bombarder sans discrimination la bande de Gaza, de réagir de manière excessive aux événements du 7 octobre et de déshumaniser les Palestiniens ? L'accusation souvent portée selon laquelle "trop de Palestiniens ont été tués" implique qu'un nombre inférieur aurait été acceptable pour la Maison Blanche. L'histoire de nos précédentes séries de combats avec le Hamas, qui ont toutes donné lieu à des accusations similaires de "trop de Palestiniens tués", suggère qu'un tel nombre n'existe pas.

Le président Biden et son équipe continuent de défendre le droit d'Israël à l'autodéfense, de nous fournir des munitions vitales et de résister aux appels de plus en plus nombreux en faveur d'un cessez-le-feu permanent. Pourtant, les accusations qu'ils lancent à l'encontre d'Israël font bien plus qu'insulter nos soldats. Elles mettent fondamentalement en danger notre sécurité.

En affirmant qu'Israël viole le droit humanitaire international, notre allié américain renforce ceux qui nous accusent de commettre des crimes de guerre et de perpétrer des génocides. La prochaine fois qu'Israël sera confronté à ces accusations devant un tribunal international, les déclarations du président, du secrétaire d'État et d'autres responsables de l'administration seront présentées comme pièce à conviction par l'accusation.

Ces preuves seront d'ailleurs manifestement fausses. Les efforts d'Israël pour réduire les pertes civiles, souvent au détriment de la sécurité de ses propres soldats, sont bien documentés. "Malgré les défis uniques auxquels Israël est confronté dans sa guerre contre le Hamas", a récemment écrit John Spencer, expert en guerre urbaine de renommée internationale, dans Newsweek, "il a mis en œuvre plus de mesures pour prévenir les pertes civiles que n'importe quelle autre armée dans l'histoire".

Ces mesures sans précédent comprennent l'utilisation de bombes de précision et de petit diamètre, l'avertissement des populations civiles par des tracts, des messages textuels, des appels téléphoniques et même des cartes militaires indiquant les zones de combat prévues, ainsi que des pauses de quatre heures sur plusieurs jours pour l'évacuation des civils. Bien que le Hamas fasse obstacle aux civils fuyant les combats et leur tire parfois dessus, d'innombrables vies civiles ont été sauvées grâce à la retenue d'Israël.

Loin d'être aveugle, chaque frappe aérienne à Gaza doit être approuvée par les services de renseignement et les juristes des FDI afin de garantir un impact minimal sur les civils. Des erreurs peuvent tragiquement se produire, en particulier dans les zones densément urbanisées où des terroristes en civil se mêlent régulièrement aux habitants. Ces incidents font l'objet d'une enquête scrupuleuse et les leçons qui s'imposent sont tirées.

Les accusations de l'administration ne se contentent pas d'ignorer ces efforts extraordinaires, elles vont à l'encontre de leurs résultats.

Bien que le Hamas soit bien connu pour gonfler grossièrement le nombre de ses victimes, même celui des 28 000 morts civils cités par le "ministère de la santé de Gaza" donne raison à Israël. Ce chiffre de 28.000 inclut les quelque 12.000 terroristes tués par les FDI. Si l'on déduit ce nombre ainsi que les victimes civiles causées par les 30 % de roquettes du Hamas qui tombent à côté dans la bande de Gaza, on obtient un total d'environ 13.000 victimes civiles. Il s'agit d'un ratio de près d'un combattant tué pour chaque civil.

Selon le New York Times, le Boston Globe et le Watson Institute de l'université de Brown, lors des guerres américaines en Syrie, en Irak et en Afghanistan, le ratio était de quatre civils tués pour un combattant. Pour l'intervention de l'OTAN en Serbie en 1999, ce rapport était également de quatre pour un.

Outre les défis sans précédent auxquels sont confrontées les forces israéliennes à Gaza, leur succès dans la réduction des pertes civiles est également inégalé.

Il n'y a toutefois pas lieu de se réjouir de ce succès. Au contraire. L'objectif d'Israël en ce qui concerne le rapport entre le nombre de terroristes et le nombre de civils tués devrait toujours être de un à zéro. L'indignation suscitée par les pertes civiles doit, quant à elle, être dirigée contre ceux qui les ont cyniquement et barbarement conçues. L'objectif du Hamas est de délégitimer Israël et de nous faire passer pour des criminels de guerre. C'est précisément l'objectif que servent les accusations de réactions excessives, de bombardements aveugles et de déshumanisation.

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Références :

The US charge of ‘indiscriminate bombing’ is over the top, traduction Le Bloc-note

Par Michael Oren, Times of Israel, 15 février 2024

Michael Oren, ancien ambassadeur d'Israël aux États-Unis, membre de la Knesset et vice-ministre de la diplomatie au sein du cabinet du Premier ministre, est l'auteur de Substack, Clarity, et dirige l'Israel Advocacy Group.