Avant de s’attaquer à sa corruption endémique, l'Autorité Palestinienne (AP) doit cesser de promouvoir la haine des Juifs et accepter l'existence d'Israël.
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Maurice Hirsch et Yossi Kuperwasser |
Avant toute discussion sur la manière de
"revitaliser" l'Autorité palestinienne, c’est à dire créer une
démocratie fonctionnelle exempte de corruption, la réforme de l'Autorité palestinienne
doit immédiatement franchir six étapes non négociables.
Étape
1. Condamner le massacre du 7 octobre
Le massacre du 7 octobre perpétré par des
terroristes palestiniens dirigés par le Hamas est l'antithèse complète de
l'engagement fondamental des Palestiniens à abandonner le recours à la violence
et à la terreur comme moyen d'atteindre leurs objectifs politiques. Ce
massacre, au cours duquel plus de 1.200 personnes ont été torturées, violées,
décapitées et assassinées, des centaines ont été blessées et quelque 240 êtres
humains enlevés à Gaza, est la pire attaque terroriste jamais perpétrée par les
Palestiniens et le jour le plus noir pour les Israéliens depuis l'Holocauste
nazi.
Plus de quatre mois se sont écoulés depuis
les atrocités de la fête de Shabbat Simchat Torah et, à ce jour, aucun
dirigeant ou personnalité de l'Autorité palestinienne n'a condamné le massacre.
Malheureusement, c'est le contraire car les dirigeants de l'Autorité
palestinienne et d'autres factions n'ont pas rejeté les actes de terrorisme,
mais les ont au contraire embrassés et justifiés.
Alors que le président de l'Autorité
palestinienne, Mahmoud Abbas, a d'abord ignoré le massacre. Il a "donné
des instructions pour assurer la défense de notre peuple, et souligné le droit
du peuple palestinien à l'autodéfense face à la terreur des colons et des
forces d'occupation." Par la suite, sous l'effet d'une immense pression
internationale, il a dit que "la politique et les actions du Hamas ne
représentaient pas le peuple palestinien". Cependant, peu de temps après,
l'agence de presse officielle de l'AP a modifié la citation et l'a remplacée
par une déclaration disant que "l'OLP est le seul représentant légitime du
peuple palestinien - et non la politique d'une autre organisation".
Le Premier ministre de l'Autorité
palestinienne, Muhammad Shtayyeh, a choisi d'inverser à la fois la réalité et
la morale, en soulignant "le droit du peuple palestinien à défendre sa
terre et ses lieux saints, qui sont toujours violés..." Il a affirmé que
le massacre était "le résultat naturel de la non-acceptation" de
l'avertissement récurrent de l'Autorité palestinienne contre les graves
conséquences des "crimes incessants d'Israël".
Le dirigeant du Fatah, Jibril Rajoub, dont le
nom a souvent été cité comme successeur potentiel d'Abbas, a déclaré : "Ce
qui s'est passé le 7 octobre est un tremblement de terre, un incident sans
précédent dans une guerre de défense pleine d'épopées et d'actes d'héroïsme que
le peuple palestinien mène depuis 75 ans". Il a averti que
"l'explosion en Cisjordanie est également imminente".
Au lieu de condamner le massacre, le
secrétaire général du comité exécutif de l'OLP, Hussein Al-Sheikh, également
présenté comme un successeur potentiel d'Abbas, a choisi de parler des
"frères du mouvement Hamas" de l'AP/OLP et de dire que leurs
"bras... et leurs cœurs sont toujours ouverts à tout dialogue qui conduira
finalement à l'unité du peuple palestinien et de ses forces". Le compte
Twitter d'Al-Sheikh contient toujours la diffamation qui prétend qu’Israël a
attaqué l'hôpital Al-Ahli à Gaza, malgré la preuve désormais certaine que le
parking de l'hôpital a été touché par une roquette errante tirée par le Jihad
islamique palestinien.
Le dirigeant du Fatah, Marwan Barghouti, qui
a également été évoqué comme remplaçant potentiel d'Abbas bien qu'il purge
actuellement cinq peines de détention à vie dans une prison israélienne à la
suite de sa condamnation pour son rôle dans de multiples meurtres, a déclaré
depuis sa cellule : "Le vent de la libération grandit dans le ciel de la
Palestine" et "Nous appelons à un rassemblement complet derrière
l'option de la résistance globale" - le terme "résistance" étant
l'euphémisme palestinien pour désigner le terrorisme. S'adressant aux forces de
sécurité de l'Autorité palestinienne, M. Barghouti a ajouté qu'elles devraient
être "en première ligne" dans ce qu'il a appelé la lutte contre
"l'agression israélienne" en utilisant "les armes et
l'entraînement que vous possédez". Pour enfoncer le clou, il a ajouté :
"Il n'y a aucune excuse pour quiconque de ne pas participer à un chapitre
de la bataille de libération".
Seule une Autorité palestinienne capable de
reconnaître la simple moralité et de rejeter la violence, et le massacre des
Juifs, est digne de considération. En conséquence, la première condition
préalable pour l'AP "revitalisée" est une condamnation sans équivoque
du massacre du 7 octobre, une condamnation du Hamas en tant qu'organisation
terroriste, et son opposition à sa participation à la future direction
palestinienne.
Deuxième
étape. Abolir la politique de l'AP/OLP consistant à "payer pour tuer".
La politique de l'AP consistant à récompenser
les terroristes et à les inciter à commettre des actes de terrorisme est aux
antipodes des engagements fondamentaux pris par les Palestiniens. Inscrite dans
la loi de l'Autorité palestinienne (loi n° 19 – 2004- sur les prisonniers, les
prisonniers libérés et ses règlements d'application), qui définit les
terroristes comme le "secteur combattant et une partie intégrante du tissu
de la société arabe palestinienne." Cette politique prévoit le versement
de salaires substantiels aux terroristes.
Les mensualités sont versées à tous les
terroristes palestiniens, y compris les assassins de masse, les participants au
massacre du 7 octobre et d'autres membres d'organisations terroristes
internationalement désignées. Dans le cadre de cette politique, l'Autorité
palestinienne verse chaque année plus de 300 millions de dollars aux
terroristes emprisonnés, aux terroristes blessés, aux familles des terroristes
décédés et aux terroristes libérés qui, conformément à la loi et aux règlements,
ont même droit à un emploi garanti au sein de l'Autorité palestinienne. Cette
politique, que le Taylor Force Act
américain décrit précisément comme une "incitation à commettre des actes
de terreur", est universellement rejetée.
Puisqu'il est inacceptable d'encourager et de
récompenser le terrorisme et le meurtre de Juifs, une deuxième condition
préalable pour l'AP "revitalisée" est l'abolition de cette politique
odieuse, l'annulation de toutes les lois, décrets, règlements ou documents
autorisant ou mettant en œuvre cette politique, et l'arrêt immédiat de tous les
paiements et récompenses aux différentes catégories de terroristes et à leurs
familles.
Troisième
étape. Reconnaître Israël comme l'État du peuple juif
Bien qu'ils reconnaissent du bout des lèvres
l'existence de facto d'Israël en tant
qu'État, les Palestiniens n'ont jamais accepté le droit d'Israël à exister en
tant qu'État du peuple juif. L'Autorité palestinienne rejette l'existence même
d'un peuple juif, considérant le judaïsme comme une simple religion qui ne
mérite pas de patrie nationale. Selon les enseignements de l'AP, les Juifs sont
les descendants des "singes et des porcs." Ils sont responsables des
maux du monde et n'ont pas d'histoire souveraine sur la terre
d'Israël/Palestine.
Ce n'est qu'une fois que l'AP aura
explicitement reconnu les Juifs comme un peuple ayant droit à un État sur leur
terre ancestrale qu'il sera possible d'envisager un rôle futur pour l'AP.
Étape
4. Cesser toute incitation au meurtre et toute glorification du terrorisme
L’un des rares engagements fondamentaux
acceptés par les Palestiniens dans le cadre du processus d'Oslo était la
nécessité de lutter contre l'incitation au meurtre. Violant cet engagement
depuis 30 ans, l'Autorité palestinienne a activement engagé son système
éducatif, ses médias et sa culture dans l'endoctrinement à la haine et
l'incitation à la terreur. L'incitation au meurtre et la glorification des terroristes
qui ont répondu aux appels à la violence ont été un phénomène quotidien. Des
générations de Palestiniens ont grandi et ont été éduqués à haïr les Juifs, à
rechercher la destruction d'Israël et à considérer les terroristes meurtriers
comme des modèles à suivre. Ces pratiques ont directement conduit à
l'assassinat de milliers de Juifs. Elles ont fourni la base sociologique et
psychologique pour la commission du massacre du 7 octobre et entraîné également
la mort de milliers de Palestiniens tués lors d'attaques terroristes et
d'opérations antiterroristes.
Pour que l'Autorité palestinienne puisse
continuer à jouer un rôle quelconque, et a
fortiori un rôle futur, dans la réhabilitation de Gaza, elle doit
immédiatement cesser toute incitation à la terreur et au meurtre de Juifs et
s'abstenir totalement de faire l'apologie de la terreur.
Étape
5. Cesser immédiatement toutes les attaques de l'AP contre Israël dans les
forums internationaux
Alors que le processus d'Oslo n'a jamais
mentionné ni envisagé la création d'un État palestinien, l'Autorité
palestinienne et l'Organisation de libération de la Palestine (OLP), signataire
des accords, ont tout ces 30 dernières années pour imposer la création de
l'"État de Palestine" à Israël et à l'ensemble de la communauté
internationale. Après avoir exercé une forte pression politique en 2011,
l'AP/OLP a fait pression pour que l'inexistant "État de Palestine" devienne
un État observateur non membre de l'ONU. L'OLP/AP a ensuite utilisé cette reconnaissance
pour rejoindre de nombreux forums internationaux. L'AP/OLP exploite maintenant
ces plateformes, notamment la Cour pénale internationale (CPI) et la Cour
internationale de justice (CIJ), pour mener une guerre juridique à grande
échelle contre Israël.
Ces attaques, fondées sur des faits inventés
et des calomnies pures et simples, visent à délégitimer Israël et en faire un
État paria.
Si Israël a commis l'erreur initiale de ne
pas comprendre les véritables intentions de l'OLP, il ne devrait plus jamais accepter
ces violations flagrantes des accords. Pour que l'AP "revitalisée"
puisse envisager de continuer à jouer un rôle, elle doit immédiatement mettre
un terme à ses attaques judiciaires contre Israël dans toutes les instances, dont
la CPI et la CIJ.
Étape
6. Lutter activement contre le terrorisme
L’un des engagements fondamentaux pris par
les Palestiniens dans le cadre du processus d'Oslo était de lutter activement
contre le terrorisme. Pour remplir cet engagement, l'Autorité palestinienne a
été autorisée à mettre en place un appareil de sécurité solide bénéficiant d'un
financement et d'une formation internationaux. L'AP n'a jamais respecté cet
engagement élémentaire, bien qu'elle ait reçu tous les outils pour le faire.
Au lieu de lutter contre le terrorisme, l'AP
a inventé la politique de la "porte tournante", qui veut que les
terroristes arrêtés soient rapidement relâchés. De nombreux membres des forces
de sécurité de l'Autorité palestinienne, censés lutter contre le terrorisme, y étaient
eux-mêmes activement impliqués. Au lieu de combattre les terroristes,
l'Autorité palestinienne a exigé que les organisations terroristes
internationalement reconnues, telles que le Hamas, le Front populaire de
libération de la Palestine (FPLP) et d'autres, soient reconnues comme des
"factions palestiniennes" légitimes et qu’elles puissent participer
au processus électoral organisé. Le résultat a été la victoire du Hamas,
l'organisation internationalement classée comme terroriste qui a mené le
massacre du 7 octobre. Il avait remporté les dernières élections de l'AP
(tenues en 2006) et pris légitimement le pouvoir. Si le président de l'Autorité
palestinienne, Mahmoud Abbas, a ensuite déposé le gouvernement du Hamas en
Judée et en Samarie, à Gaza, le Hamas a régné en maître. Récemment, Mahmoud
Abbas a même accepté le recrutement de terroristes libérés dans les forces de
sécurité de l'Autorité palestinienne afin de dissimuler l'ampleur de la politique
de l'Autorité palestinienne "Payer pour tuer".
La tâche de combattre les terroristes, qui
ont été légitimés et blanchis par l'AP au cours des 30 dernières années, ne
sera certainement pas simple. Pour lutter contre le terrorisme, une AP
revitalisée doit s'engager de bonne foi, au niveau des intentions comme des
actions, assurer des poursuites efficaces et infliger des peines privatives de
liberté.
Une fois ces conditions préalables
rudimentaires remplies, un autre chapitre du plan de revitalisation de l'AP devrait
s'attaquer à la corruption profondément enracinée, et parfaire une vie démocratique
efficace, avec des élections régulières et un système judiciaire pleinement
opérationnel.
Les
leçons du 7 octobre
En bref, l'Autorité palestinienne doit cesser
de promouvoir la haine des Juifs et la lutte permanente contre l'existence d'un
État juif avant d'être considérée comme apte à jouer un rôle quelconque le
"jour d'après" à Gaza. Le monde entier, y compris Israël, les
États-Unis et l'Union européenne, devrait tirer les leçons du massacre du 7
octobre et ne plus tolérer le soutien au terrorisme et l'endoctrinement à la
haine. Israël et la communauté internationale devraient, une fois pour toutes,
abandonner leur regrettable aveuglement volontaire. Il a été permanent dès la
signature des accords d'Oslo en 1993, ignorant les manquements des Palestiniens
à leurs obligations et engagements.
Ce n'est qu'une fois ces problèmes résolus
que l'on pourra s'attaquer aux autres faiblesses importantes de l'AP - corruption
massive et violations des droits de l'homme - qui la rendent actuellement
inapte à jouer un rôle central dans la bande de Gaza de l'après-Hamas.
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Références :
What
would a ‘revitalized’ Palestinian Authority be? traduction Le
Bloc-Note
Par Maurice Hirsch et Yossi Kuperwasser, Times
of Israel, le 22 février 2024
Le lieutenant-colonel (res.) Maurice Hirsch
est directeur de l'Initiative pour la responsabilité et la réforme de
l'Autorité palestinienne au Jerusalem Center for
Public Affairs et ancien directeur du parquet militaire pour la Judée et la
Samarie.
Le général de brigade (res.) Yossi
Kuperwasser est directeur du projet sur les développements régionaux au
Moyen-Orient au Jerusalem Center. Il était
auparavant directeur général du ministère israélien des affaires stratégiques
et chef de la division de recherche du renseignement militaire des FDI.