La farce du "génocide" devant la Cour internationale de justice (CIJ) montre qu'il ne s'agit pas d'une lutte pour l'information, mais que les valeurs morales fondamentales sont en jeu.
Irwin J. Mansdorf |
Les avis divergent quant à savoir si
l'audience de la CIJ a été une "victoire" pour Israël ou non. Après
tout, il n'a pas été demandé à Israël de cesser sa guerre contre le Hamas. Mais
l'idée même qu'Israël puisse commettre un génocide devrait suffire à démontrer
que ce sont les valeurs fondamentales des gens et non les explications
qu'Israël peut présenter qui favorisent le jugement moral ou l'absence de
jugement moral. Sur ce point, en acceptant d'entendre le "cas" de
l'Afrique du Sud, la CIJ a lamentablement échoué [dans sa mission]. Les
"relations publiques" israéliennes n’auraient rien pu faire à ce
sujet.
L'échec de la CIJ est multiple. Tout d'abord,
elle a pris au sérieux une accusation qui était tout simplement ridicule et
absurde, comme toute personne raisonnable le reconnaîtrait. Pourtant, les
juges, qui sont censés représenter le bien et le mal, n'ont pas su faire preuve
non seulement d'un jugement juridique approprié, mais aussi de simple bon sens.
Le fait que des juges formés dans des démocraties occidentales aient participé à
cette farce est encore plus troublant. C’est que le traité créant la CIJ a été
formulé à la suite d'un génocide perpétré contre les Juifs d'hier, mais qu'il
n'a pas réussi à protéger les Juifs d'un camp qui n'en veut pas moins aux Juifs
d'aujourd'hui [que celui d’hier].
Certains affirment qu'Israël doit simplement
"dire la vérité" sur son combat, mais il est inconcevable que ces
juges n'aient pas été pleinement conscients de la vérité. Ils s'en moquaient
tout simplement. Après tout, qu'aurions-nous pu dire à ces juges qu'ils ne
savaient pas déjà ?
De plus, l'incohérence et l'hypocrisie du
raisonnement juridique étaient flagrantes. Les contorsions juridiques
auxquelles s'est livrée la présidente de la CIJ, Joan E. Donoghue, pour
expliquer pourquoi le génocide était même une possibilité, n'étaient pas
évidentes. Ainsi, en 2017, elle s'était dissociée de l'opinion majoritaire de
la Cour pour estimer que l'expulsion forcée par le Royaume-Uni (à la demande
des États-Unis) des Chaggosiens de l'archipel des Chagos en 1968 - un acte que
beaucoup considéreraient aujourd'hui comme un nettoyage ethnique - n'était pas
illégal. Une norme pour les uns, une autre pour les autres.
Aucun effort de "relations
publiques" ne pourra "expliquer" quoi que ce soit à un organe
judiciaire censé être impartial, mais composé de juges qui n'ont pas la fibre
morale nécessaire pour séparer le bien du mal. Israël doit peut-être honorer
les décisions de la CIJ, mais cela ne signifie pas que ces décisions doivent
être respectées.
Il est paradoxal qu'un pays récemment obsédé
par des questions sur la nécessité d'un système judiciaire indépendant soit
devenu l’objet d'un groupe prétendument "indépendant" qui a rendu une
ordonnance provisoire qualifiée d’ "incitation au meurtre" par le
président israélien Isaac Herzog. Dans une démarche ridicule, la CIJ a accusé
M. Herzog, figure consensuelle en Israël connue pour sa modération et sa
personnalité accommodante, de se livrer à une "incitation" en
utilisant un langage que toute personne rationnelle considérerait comme
approprié après le type d'attaque perpétrée par le Hamas.
Il s'agit ici d'un système de valeurs faussé,
et non d'un manque d'information. Il est insensé de croire qu'après avoir subi
les atrocités du Hamas, Israël devrait "expliquer" quoi que ce soit.
Il est futile de continuer à essayer de convaincre des personnes dont les normes
morales sont discréditées que la décapitation, le viol, l'enlèvement et le
meurtre au hasard sont répréhensibles. Bien sûr, les juges de la CIJ diraient
que ces actions sont terribles, mais ils n'agissent pas en fonction de cette
conviction, créant ainsi une réalité dans laquelle c'est la victime et non
l'oppresseur qui se trouve sur le banc des accusés.
La farce de la CIJ ne marque peut-être pas la
mort de la hasbara, mais elle prouve
qu'elle est sous assistance respiratoire. La moralité n'est pas quelque chose qui
se vend comme un hamburger chez McDonalds. Elle est le fruit de la culture, de
l'expérience sociale et de la capacité à faire preuve de courage face à la
pression de la corruption.
Plutôt que d'investir de l'énergie et des
ressources pour convaincre les autres, nous ferions mieux de poursuivre notre
combat pour être une "lumière pour les nations" et faire ce qui est
juste. Quant à ceux qui considèrent le Hamas comme une entité méritant protection,
que leurs échecs moraux servent de modèle au mal.
Pour quiconque a un cœur droit et un esprit
logique, c'est quelque chose qui n'a pas besoin d'être expliqué.
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Références :
Israeli
‘public relations’ will not solve the problem of the world’s moral bankruptcy
traduction
Le Bloc-note
Irwin J. Mansdorf, JNS, 30 janvier 2023
Irwin J. (Yitzchak) Mansdorf, docteur en
philosophie, est chercheur au Jerusalem Center of Public Affairs, spécialisé en
psychologie politique, et membre de la division des situations d'urgence du
commandement de l'armée israélienne au front intérieur.