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19 juin 2024

L'Iran veut la bombe, par le comité de rédaction du Wall Street Journal

Il est de plus en plus évident que Téhéran fait avancer son programme nucléaire sans que quiconque se mette en travers de son chemin.

Une étudiante examine une maquette de centrifugeuse de conception iranienne en 2023

Les preuves que Téhéran poursuit ses ambitions nucléaires ne cessent de s'accumuler. Si cela vous surprend, c'est que vous travaillez dans l'administration Biden. Les dernières données en date : des responsables américains et israéliens pensent que l'Iran est en train de développer les modèles informatiques nécessaires à la fabrication d'une bombe, tandis que le principal organe de surveillance nucléaire des Nations unies admet qu'aucun obstacle diplomatique ne se dresse sur le chemin des mollahs.

L'histoire de la possible modélisation informatique de l'Iran, telle que rapportée par Axios, et si elle est vraie, indiquerait que le régime est sérieux dans sa volonté de développer une bombe au moment qu'il choisira. L'ONU a récemment conclu que l'Iran détient un stock d'environ 142 kilogrammes d'uranium enrichi à 60 % - ce que le monde extérieur sait ou peut supposer - et qu'il est en train de l'accroître. L'enrichissement de cet uranium pour en faire une arme sera simple et rapide, une fois que l'Iran aura pris la décision de passer à l'action.

Les nouveaux renseignements suggèrent que Téhéran commence à travailler sur les missiles nécessaires pour acheminer la demi-douzaine de bombes atomiques qu'il pourrait produire avec cet uranium. Le vétéran Mark Dubowitz, de la Fondation pour la défense des démocraties, a lancé un avertissement à ce sujet lors d'un entretien avec Elliot Kaufman dans ces pages en avril, lorsqu'il a déclaré : "J'ai été amené à croire que les activités d'armement de l'Iran ont commencé" et a noté que la modélisation informatique serait un élément important de l'effort de l'Iran pour se doter d'armes nucléaires. Il a de bonnes sources.

L'administration Obama avait tenté de convaincre l'Iran de renoncer à ses ambitions nucléaires avec l'accord nucléaire de 2015. Cet accord promettait au mieux de ralentir, mais pas d'arrêter le programme d'armement nucléaire de Téhéran et, dans la pratique, il n'a même pas réussi à le faire. La tentative du président Biden de ressusciter cet accord - après que l'administration Trump l'ait abandonné en faveur de sanctions plus sévères - a échoué en 2022. La façon dont l'administration traite chroniquement l'Iran suggère qu'un espoir déçu pourrait subsister à Washington.

Il est donc utile, voire surprenant, que le chef de l'Agence internationale de l'énergie atomique, Rafael Grossi, ait rappelé que l'accord de 2015 "ne signifie rien" aujourd'hui. Téhéran doit être d'accord avec lui, puisque la modélisation informatique à laquelle l'Iran est censé se livrer était explicitement interdite par l'accord de 2015.

M. Grossi s'est adressé à un journal russe et a déclaré qu'il espérait que le Kremlin "puisse influencer le respect d'un ordre nucléaire pacifique" en Iran en l'absence d'un accord formel. Bonne chance, car Vladimir Poutine aimerait que les États-Unis et leurs alliés soient distraits et menacés par un Iran nucléaire.

Le président Biden semble espérer que, comme dans tant d'autres domaines, il pourra "mettre de côté" le problème nucléaire iranien au moins jusqu'aux élections de novembre. Compte tenu des progrès réalisés par les mollahs, le choix pourrait être de risquer l'ire de Téhéran en agissant maintenant, ou de risquer d'avoir à expliquer aux Américains, tôt ou tard, comment l'Iran en est venu à fabriquer une bombe sous la surveillance de M. Biden.

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Références :

Newsflash: Iran Wants a Bomb, traduction Le Bloc-note

Par le comité de rédaction du Wall Street Journal, la 18 juin 2024