L'Iran aurait autorisé son mandataire libanais à lancer une attaque de grande envergure contre Israël si les FDI envahissent Rafah ; le Premier ministre israélien Benjamin Netanyahu a juré de le faire.
L'attention du monde est concentrée sur Gaza,
mais si une guerre éclate à la frontière nord d'Israël avec le Liban, elle sera
beaucoup plus large et plus destructrice que celle qu'Israël mène contre le
Hamas. Le Hezbollah s'est jusqu'à présent abstenu de lancer une attaque de
grande envergure contre Israël, bien qu'il ait continuellement tiré des
roquettes, des mortiers et des drones sur l'État hébreu depuis le 8 octobre.
Chaque augmentation de l'intensité des attaques du Hezbollah risque de franchir
le seuil d'un tel conflit. L'Iran aurait
autorisé son mandataire libanais à mener une attaque de grande envergure contre
Israël si le Hezbollah est "certain" qu'Israël envahira la ville de
Rafah à Gaza, dernier bastion du Hamas. Étant donné l'intention déclarée d'Israël
d'entrer dans Rafah, la guerre avec le Hezbollah semble donc imminente.
L'envoyé spécial américain Amos Hochstein a fait la navette entre
les États-Unis, le Liban et Israël afin d'éviter que le conflit ne s'étende. Le Hezbollah viole la résolution 1701
de l'ONU depuis 2006, puis, le 8
octobre, il a de nouveau violé l'accord de 2022 sur la frontière maritime
entre Israël et le Liban, négocié par M. Hochstein. L'avertissement
"Don't" du président américain Joe Biden en octobre n'a pas
fonctionné.
Selon Blaise
Misztal, vice-président de JINSA, aussi louable que soit l'objectif des
États-Unis de prévention de l’extension du
conflit, "en le conduisant de cette façon, cette administration a
malheureusement oublié ce que George Washington savait déjà : 'se préparer à la
guerre est l'un des moyens les plus efficaces de préserver la paix'".
"Les responsables américains semblent
croire que le meilleur moyen de préserver la paix est de désavouer bruyamment
toute action visant à empêcher l'adversaire de recourir à la force", a-t-il
déclaré à JNS. "Cette approche a conduit à la mort de membres des services
américains en Jordanie et à la perturbation de la navigation en mer Rouge, les
mandataires iraniens ayant pris la réticence des États-Unis pour une invitation
à l'escalade. Cela a finalement contraint l'administration à adopter une
approche plus agressive.
Les États-Unis, poursuit-il, "ne
semblent pas encore appliquer ces leçons au Liban, où ils espèrent que leur
empressement à conclure un accord empêchera les attaques du Hezbollah qui se
multiplient de déboucher sur un conflit plus large".
Cette approche peut sembler efficace à court
terme : les frappes israéliennes sont de plus en plus fréquentes et le
déploiement des porte-avions américains dans la région par Joe Biden est encore
frais dans les mémoires. Mais de fait, le Hezbollah considère l'accent mis par
les États-Unis sur la diplomatie comme une faiblesse, a-t-il déclaré.
Le Hezbollah cherchera à exploiter cette
faiblesse perçue pour obliger Israël à faire des concessions territoriales et obtenir
autres concessions occidentales dans tout accord futur soutenu par les
États-Unis, a-t-il poursuivi. En outre, la crainte avérée d'une escalade ressentie
par les États-Unis rend plus probable une issue militaire.
En juillet 2023, le chef du Hezbollah, Hassan Nasrallah, s'est vanté :
"Ce que nous avons fait avec le pétrole, le gaz et la délimitation de la frontière
maritime, aujourd'hui, grâce à la complémentarité et à la coopération entre
l'État et la résistance [...] nous pouvons récupérer nos terres occupées dans
la ville de Ghajar".
Le 5 janvier, Nasrallah s'est vanté :
"Nous avons maintenant la possibilité de faire rendre à Israël les
territoires libanais qu'il lui a pris, comme les fermes de Chebaa, grâce à
notre position aux côtés de Gaza et de son peuple. Mais toute discussion à ce
sujet ne doit avoir lieu qu'après la fin de la guerre contre Gaza, et c'est là
notre position officielle".
En février, M. Nasrallah a déclaré que les
attaques du groupe terroriste contre Israël se poursuivraient jusqu'à ce
qu'Israël cesse son "agression" à Gaza.
Il y a ensuite la question des résidents
évacués par Israël. Depuis que le Hezbollah a commencé ses attaques
transfrontalières le 8 octobre, des dizaines de milliers d'Israéliens ont été
évacués de leurs habitations dans le nord, une situation qui exerce une
pression énorme sur le gouvernement du pays.
Le général de division (à la retraite) Yaakov Amidror, membre éminent du
JINSA, a fait remarquer lors d'un récent séminaire en ligne de cet institut que
"près de 100.000 Israéliens ont été évacués du nord et qu'ils ne peuvent
pas revenir dans les circonstances actuelles. Si nous ne trouvons pas de
solution à ce problème, que ce soit par un accord diplomatique [...] ou parce que
le Hezbollah modifie la répartition de ses forces autour de la frontière, nous
devrons nous lancer dans une grande guerre que nous ne voulons pas".
Si le monde et le gouvernement libanais
n'agissent pas pour empêcher les tirs sur les résidents du nord d'Israël et
pour éloigner le Hezbollah de la frontière, les forces de défense israéliennes
s'en chargeront.
Une solution diplomatique pourrait impliquer
une évacuation du Hezbollah à 8-10 kilomètres de la frontière. Le Hezbollah
serait remplacé par 10.000 à 12.000 soldats des Forces armées libanaises (FAL).
Israël serait également tenu de cesser de survoler l'espace aérien libanais et
de retirer partiellement ses troupes de son côté de la frontière.
Mais le Hezbollah a déjà rejeté une récente
proposition française qui l'aurait obligé à se retirer à 10 kilomètres de la
frontière.
Il ne faut pas non plus s'attendre à une aide
de la part du gouvernement libanais, qui semble ne pas vouloir ou ne pas
pouvoir, ou les deux, empêcher le mandataire iranien d'entraîner le pays en
crise dans une guerre coûteuse.
"Les pays ne peuvent pas permettre à
leurs territoires de devenir des bases à partir desquelles des groupes non
étatiques comme le Hezbollah peuvent attaquer d'autres États", a déclaré David Daoud, chercheur principal à la Foundation for Defense of Democracies
(Fondation pour la défense des démocraties).
"Le Liban semble ne pas vouloir ou ne
pas pouvoir respecter cette obligation en restreignant ou en désarmant le
Hezbollah", a-t-il déclaré à JNS.
Au lieu de cela, et comme il a procédé lors
des négociations sur la détermination de la frontière maritime, "le Liban
exploite les attaques continuelles du Hezbollah et l'aversion de la communauté
internationale pour une guerre Hezbollah-Israël pour obtenir des concessions des
Israéliens et de la communauté internationale".
Selon M. Daoud, alors que le Liban promet une
"mise en œuvre complète" de la résolution 1701, la réalité est tout
autre. "Ce n'est pas ce que le Liban promet de faire,. C’est seulement si
toutes ses conditions sont satisfaites qu’il étudierait la possibilité de mettre
en œuvre la résolution 1701".
Même si les négociations en cours sous
l'égide des États-Unis aboutissent à un accord, celui-ci "ne garantira
aucun résultat à long terme", car le Hezbollah n'a manifestement pas
l'intention d'honorer les accords conclus sous l'égide des États-Unis, a ajouté
M. Daoud. Il n'arrêtera certainement pas l'armement du Hezbollah sur la voie de
la grande guerre régionale qu'il promet de lancer contre Israël à l'avenir avec
ses autres alliés de l'"axe de la résistance"".
Selon Zac
Schildcrout, analyste politique du JINSA, pour dissuader le Hezbollah de
lancer de nouvelles attaques, il faut convaincre le Hezbollah que les
États-Unis soutiendront Israël dans une guerre de grande ampleur, voire y
participeront, si cela s'avère nécessaire pour rétablir la sécurité des
habitants du nord d'Israël.
De même, selon Misztal, "la meilleure
façon de s'assurer que le Hezbollah ne lance pas - ou ne puisse pas lancer -
une attaque dévastatrice contre Israël serait que les États-Unis fassent ce que
le président Washington a conseillé et que M. Biden a fait en octobre : montrer
clairement que les États-Unis sont prêts à la guerre aux côtés de leur
partenaire Israël, si quiconque menace la sécurité de l'un ou de l'autre".
Toutefois, M. Daoud a souligné qu'un tel
soutien ne devait pas aller jusqu'à des "bottes sur le terrain".
"L'armée israélienne peut mener seule la
bataille contre le Hezbollah et, en fait, il est préférable pour les États-Unis
et pour Israël que Tsahal le fasse", a-t-il déclaré. "Israël ne peut
pas être perçu comme ayant besoin de bottes américaines sur le terrain pour
affronter le Hezbollah, car cela nuirait "irréversiblement" à la
dissuasion israélienne.
C'est sur le front diplomatique que le
soutien des États-Unis sera réellement nécessaire.
"Israël aura besoin de temps pour mener
une guerre contre le Hezbollah jusqu'à la victoire, et il se battra contre deux
horloges différentes : la volonté du front intérieur israélien de persévérer dans
une guerre sans précédent, et [celle] du Conseil de sécurité des Nations
unies".
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Références :
Is a war
against Hezbollah imminent? Traduction Le
Bloc-note
par Israel Kasnett, JNS, le 20 mars 2024
Israel Kasnett
est le chef adjoint du Bureau de Jérusalem de JNS