Pages

8 janv. 2024

Pour résoudre le conflit israélo-palestinien, il faut au préalable affronter l'Iran, par Sander Gerber et Robert Wexler

 Pendant trop longtemps, la solution des deux États a été la panacée pour la paix au Moyen-Orient. Mais elle ne verra jamais le jour tant que les diplomates et les hommes politiques ne s'attaqueront pas à la véritable raison pour laquelle la région reste plongée dans le chaos : le rôle déstabilisateur joué par l'Iran et ses mandataires. 

Sander Gerber et Robert Wexler

Alors que la guerre entre Israël et le Hamas entre dans son quatrième mois, il apparaît de plus en plus clairement que la brutalité des attaques du 7 octobre était elle-même une stratégie. L'Iran a formé et financé le Hamas dans le but de recentrer l'attention mondiale sur le conflit israélo-palestinien. Le pogrom barbare, que les combattants du Hamas ont filmé avec des caméras GoPro, était destiné non seulement à terroriser les Israéliens, mais aussi à déclencher une invasion israélienne dévastatrice contre le Hamas à Gaza, avec des victimes civiles à la clé.

Les images des victimes palestiniennes pourraient alors réveiller la "rue arabe" et éloigner les dirigeants des États sunnites du Levant et du Golfe de la structure de sécurité émergente qui serait dirigée par les États-Unis et inclurait Israël. 

Ce n'est pas une coïncidence si les rebelles houthis du Yémen, soutenus par l'Iran, ont tenté d'attaquer des navires dans la mer Rouge avant que l'armée américaine ne mette fin à l'assaut.  

Il est temps pour le monde d'affronter ce qui - et qui - se cache derrière cette crise. Les dirigeants américains doivent prendre quatre mesures immédiates pour contrer l'unité croissante des alliés de l'Iran avant qu'il ne soit trop tard pour trouver une solution. 

Premièrement, créer une coalition de partenaires occidentaux et arabes pour soutenir l'utilisation de la pression économique et militaire contre l'Iran et ses mandataires, avec un niveau de tolérance zéro pour leurs attaques.

Deuxièmement, la politique étrangère américaine doit exprimer une opposition sans équivoque à l'extrémisme islamiste sous toutes ses formes et mettre en avant le leadership du président du parti islamiste Ra'am, MK Mansour Abbas, qui appelle les factions palestiniennes armées à se démilitariser et à établir un État palestinien par des moyens non violents.

Troisièmement, former une coalition internationale pour reconstruire Gaza et investir en Cisjordanie, qui inclurait l'Égypte, l'Arabie saoudite, les Émirats arabes unis, le Maroc, Bahreïn et la Jordanie. Ce groupe apporterait aide et sécurité aux civils, construirait des infrastructures, développerait l'économie et créerait un front mondial contre la subversion iranienne, étayant ainsi une vision plus prometteuse pour les Palestiniens.

Quatrièmement, lancer une campagne diplomatique pour étendre l'accord global de sécurité, d'intégration et de prospérité conclu avec Bahreïn afin d'encourager les autres membres de la coalition à participer à la reconstruction de Gaza. Cet accord renforce la dissuasion en officialisant l'intégration par le Commandement central des États-Unis des systèmes de défense aérienne et antimissile de la région, en facilitant l'échange de renseignements, en renforçant la sensibilisation à la sécurité maritime et en accélérant les échanges commerciaux avec les États-Unis. 

Le déploiement de personnel et de ressources de la coalition à Gaza et en Cisjordanie démontrerait au monde arabe que les Palestiniens se voient offrir une voie vers un avenir indépendant et digne.

Nombreux sont ceux, y compris l'administration Biden, qui ont proposé une Autorité palestinienne (AP) réorganisée comme la meilleure option pour diriger les Palestiniens dans l'avenir. Le Premier ministre israélien, M. Netanyahou, a rejeté cette option, du moins pour l'instant.

Mais même notre propre gouvernement comprend pourquoi il est risqué de remettre l'actuelle Autorité palestinienne aux commandes. En adoptant la loi Taylor Force, le Congrès a constaté que l'Autorité palestinienne récompensait la terreur par l'intermédiaire de son programme "Pay for Slay" et qu'elle indemniserait même les tueurs du Hamas, conformément à la loi. 

Cela ne signifie pas que la solution des deux États est impossible, mais cela exige une évaluation réaliste de sa viabilité actuelle, compte tenu de l'opposition iranienne à une direction palestinienne modérée qui pourrait réellement faire la paix. La première étape vers une AP réorganisée doit être l'élimination du système "Pay for Slay", remplacé par un système d'aide sociale palestinien basé sur des facteurs économiques, et non sur des récompenses pour des actes terroristes contre Israël.

Maintenir une opinion publique arabe incandescente contre Israël et les États-Unis est un atout stratégique que l'Iran ne peut pas gaspiller. L'Iran a besoin que le conflit de la guerre de Gaza perdure, quel qu'en soit le prix.

Le seul espoir de résoudre le conflit israélo-palestinien réside dans la mise en place d'une coalition visant à neutraliser l'Iran et son obstruction résolue à une solution à deux États. C'est surtout maintenant, alors que l'Iran progresse vers une capacité nucléaire, que l'urgence pour les États-Unis d'agir s'accroît d'heure en heure.

------------------------------

Références :

To solve the Israeli-Palestinian conflict: First confront Iran, traduction Le Bloc-Note

par Sander Gerber et Robert Wexler, The Hill, le 4 janvier 2024

Sander Gerber et Robert Wexler sont membres du comité consultatif de la loi sur le partenariat pour la paix au Moyen-Orient (MEPPA) du département d'État américain. Wexler est président du S. Daniel Abraham Center for Middle East Peace et a été membre démocrate du Congrès de Floride (1997-2010). Gerber est un ancien vice-président du Woodrow Wilson International Center for Scholars.