Pendant trop longtemps, la solution des deux États a été la panacée pour la paix au Moyen-Orient. Mais elle ne verra jamais le jour tant que les diplomates et les hommes politiques ne s'attaqueront pas à la véritable raison pour laquelle la région reste plongée dans le chaos : le rôle déstabilisateur joué par l'Iran et ses mandataires.
Sander Gerber et Robert Wexler |
Les images des victimes palestiniennes
pourraient alors réveiller la "rue arabe" et éloigner les dirigeants
des États sunnites du Levant et du Golfe de la structure de sécurité émergente
qui serait dirigée par les États-Unis et inclurait Israël.
Ce n'est pas une coïncidence si les rebelles
houthis du Yémen, soutenus par l'Iran, ont tenté d'attaquer des navires dans la
mer Rouge avant que l'armée américaine ne mette fin à l'assaut.
Il est temps pour le monde d'affronter ce qui
- et qui - se cache derrière cette crise. Les dirigeants américains doivent
prendre quatre mesures immédiates pour contrer l'unité croissante des alliés de
l'Iran avant qu'il ne soit trop tard pour trouver une solution.
Premièrement,
créer une coalition de partenaires occidentaux et arabes pour soutenir
l'utilisation de la pression économique et militaire contre l'Iran et ses
mandataires, avec un niveau de tolérance zéro pour leurs attaques.
Deuxièmement,
la politique étrangère américaine doit exprimer une opposition sans équivoque à
l'extrémisme islamiste sous toutes ses formes et mettre en avant le leadership du président du parti
islamiste Ra'am, MK Mansour Abbas, qui appelle les factions palestiniennes
armées à se démilitariser et à établir un État palestinien par des moyens non
violents.
Troisièmement,
former une coalition internationale pour reconstruire Gaza et investir en
Cisjordanie, qui inclurait l'Égypte, l'Arabie saoudite, les Émirats arabes
unis, le Maroc, Bahreïn et la Jordanie. Ce groupe apporterait aide et sécurité
aux civils, construirait des infrastructures, développerait l'économie et
créerait un front mondial contre la subversion iranienne, étayant ainsi une
vision plus prometteuse pour les Palestiniens.
Quatrièmement,
lancer une campagne diplomatique pour étendre l'accord global de sécurité,
d'intégration et de prospérité conclu avec Bahreïn afin d'encourager les autres
membres de la coalition à participer à la reconstruction de Gaza. Cet accord
renforce la dissuasion en officialisant l'intégration par le Commandement
central des États-Unis des systèmes de défense aérienne et antimissile de la
région, en facilitant l'échange de renseignements, en renforçant la
sensibilisation à la sécurité maritime et en accélérant les échanges
commerciaux avec les États-Unis.
Le déploiement de personnel et de ressources
de la coalition à Gaza et en Cisjordanie démontrerait au monde arabe que les
Palestiniens se voient offrir une voie vers un avenir indépendant et digne.
Nombreux sont ceux, y compris
l'administration Biden, qui ont proposé une Autorité palestinienne (AP)
réorganisée comme la meilleure option pour diriger les Palestiniens dans
l'avenir. Le Premier ministre israélien, M. Netanyahou, a rejeté cette option,
du moins pour l'instant.
Mais même notre propre gouvernement comprend
pourquoi il est risqué de remettre l'actuelle Autorité palestinienne aux
commandes. En adoptant la loi Taylor Force, le Congrès a constaté que
l'Autorité palestinienne récompensait la terreur par l'intermédiaire de son
programme "Pay for Slay" et qu'elle indemniserait même les tueurs du
Hamas, conformément à la loi.
Cela ne signifie pas que la solution des deux
États est impossible, mais cela exige une évaluation réaliste de sa viabilité
actuelle, compte tenu de l'opposition iranienne à une direction palestinienne
modérée qui pourrait réellement faire la paix. La première étape vers une AP
réorganisée doit être l'élimination du système "Pay for Slay",
remplacé par un système d'aide sociale palestinien basé sur des facteurs
économiques, et non sur des récompenses pour des actes terroristes contre
Israël.
Maintenir une opinion publique arabe incandescente
contre Israël et les États-Unis est un atout stratégique que l'Iran ne peut pas
gaspiller. L'Iran a besoin que le conflit de la guerre de Gaza perdure, quel
qu'en soit le prix.
Le seul espoir de résoudre le conflit
israélo-palestinien réside dans la mise en place d'une coalition visant à
neutraliser l'Iran et son obstruction résolue à une solution à deux États.
C'est surtout maintenant, alors que l'Iran progresse vers une capacité
nucléaire, que l'urgence pour les États-Unis d'agir s'accroît d'heure en heure.
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Références :
To
solve the Israeli-Palestinian conflict: First confront Iran, traduction Le
Bloc-Note
par Sander Gerber et Robert Wexler, The Hill,
le 4 janvier 2024
Sander Gerber et Robert Wexler sont membres
du comité consultatif de la loi sur le partenariat pour la paix au Moyen-Orient
(MEPPA) du département d'État américain. Wexler est président du S. Daniel
Abraham Center for Middle East Peace et a été membre démocrate du Congrès de
Floride (1997-2010). Gerber est un ancien vice-président du Woodrow Wilson
International Center for Scholars.