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11 janv. 2024

La victoire est plus importante que le soutien des États-Unis, par Caroline B. Glick

Le Premier ministre israélien Benjamin Netanyahu et ses ministres doivent se rappeler qu'Israël n'est pas un État vassal des États-Unis.

Caroline B. Glick

Lors de sa conférence de presse mardi soir, le secrétaire d'État américain Tony Blinken a montré que, contrairement à la croyance populaire, l'administration Biden n'est pas l'alliée d'Israël. Elle est le plus grand obstacle à la victoire d'Israël.

M. Blinken a commencé son intervention en établissant une équivalence morale entre les souffrances des otages israéliens et de leurs familles et celles des Palestiniens de Gaza. Les Palestiniens de Gaza, qui soutiennent massivement le Hamas, sont tout aussi innocents que les otages, a insisté M. Blinken.

Blinken n'a rien dit sur la torture, le viol, la mutilation et la famine délibérée des otages perpétrés par les terroristes du Hamas et leurs complices civils. Au lieu de cela, Blinken a parlé de " l'insécurité alimentaire aiguë " dont souffrent les habitants de Gaza et a rejeté la responsabilité de cette " insécurité alimentaire aiguë " sur Israël.

"Israël doit faire tout ce qui est en son pouvoir pour éliminer les obstacles au passage de l'aide vers Gaza. L'amélioration des procédures de déconfliction pour garantir que l'aide puisse être acheminée en toute sécurité est un élément essentiel à cet égard", a-t-il déclaré.

L'organisme responsable de la distribution de "l'aide humanitaire" à Gaza aujourd'hui est l'ONU, par l'intermédiaire de l'UNRWA. M. Blinken a complètement ignoré le fait documenté que des milliers d'employés de l'UNRWA ont fait l'éloge du massacre du 7 octobre sur les médias sociaux. Il a ignoré les preuves accablantes que les écoles et les cliniques de l'UNRWA sont des bases militaires du Hamas. Il a ignoré que des employés de l'UNRWA ont été accusés de manière crédible de détenir des otages israéliens et de les affamer délibérément. Et il a ignoré que des employés de l'UNRWA, y compris tous ses directeurs régionaux à Gaza, ont été accusés de manière crédible d'être eux-mêmes des terroristes du Hamas.

Enfouissant sa tête dans le sable, M. Blinken a déclaré : "Les Nations unies jouent un rôle indispensable pour répondre aux immenses besoins humanitaires de Gaza. Il n'y a tout simplement pas d'alternative.

"Le personnel de l'ONU à Gaza fait preuve d'un courage extraordinaire en continuant à fournir des services de sauvetage dans des conditions extrêmement difficiles.

Israël, a-t-il demandé, doit se joindre aux États-Unis pour apporter son "soutien total" aux Nations unies.

Quant à la campagne militaire menée par Israël pour éliminer le Hamas, M. Blinken a déclaré que les opérations militaires ne devaient pas faire de victimes parmi les civils, même si cela signifiait qu'Israël perdrait la guerre.

"Nous ne savons que faire face à un ennemi qui se dissimule parmi les civils, qui se cache dans les écoles et les hôpitaux et qui tire à partir de ceux-ci, rend la tâche incroyablement difficile. Mais le nombre quotidien de civils victimes à Gaza, en particulier d'enfants, est beaucoup trop élevé", a déclaré M. Blinken.

Le seul moyen de séparer les civils des terroristes et de les protéger est de leur permettre de quitter Gaza, tout comme 6 millions d'Ukrainiens ont quitté leur pays depuis l'invasion russe.

Les Gazaouis sont tellement impatients de partir que le Guardian a rapporté qu'ils payaient 10.000 dollars à des intermédiaires pour corrompre les fonctionnaires égyptiens afin qu'ils les laissent partir. Mais les États-Unis ne veulent rien entendre.

"Les États-Unis rejettent sans équivoque toute proposition préconisant la réinstallation des Palestiniens en dehors de Gaza", a déclaré M. Blinken avec une mine renfrognée.

Non seulement Israël doit forcer les Palestiniens à rester à Gaza et à s'occuper d'eux, mais il doit aussi les autoriser à retourner dans le nord de la bande de Gaza, compromettant ainsi la principale réussite opérationnelle durable d'Israël depuis le début de l'opération terrestre.

"Lors des réunions d'aujourd'hui avec les dirigeants israéliens, a déclaré M. Blinken, j'ai également été très clair : les civils palestiniens doivent pouvoir rentrer chez eux dès que les conditions le permettront. "

Le seul moyen de reconstruire les villes et villages israéliens bordant la bande de Gaza, aujourd'hui abandonnés, et de permettre à leurs habitants survivants de rentrer chez eux en toute sécurité, est d'empêcher le Hamas de reconstruire son infrastructure terroriste, y compris ses forces dans le nord de la bande de Gaza.

Maintenir cette zone non peuplée, ou faiblement peuplée, dans un avenir prévisible est un impératif militaire.

Après avoir exigé qu'Israël permette au Hamas de survivre et de se regrouper à Gaza, M. Blinken est passé au front nord contre le Hezbollah. Là aussi, les États-Unis exigent qu'Israël perde.

"Comme je l'ai dit au cabinet de guerre et à d'autres hauts responsables, les États-Unis sont aux côtés d'Israël pour assurer la sécurité de sa frontière nord. Nous nous engageons pleinement à travailler avec Israël pour trouver une solution diplomatique qui évite l'escalade et permette aux familles de rentrer chez elles, de vivre en sécurité dans le nord d'Israël et aussi dans le sud du Liban", a-t-il déclaré.

Le problème est que la "solution diplomatique" proposée par les États-Unis empêchera Israël de sécuriser sa frontière nord ou de permettre aux 80.000 civils qui ont été contraints de fuir leurs maisons le long de la frontière de rentrer chez eux.

M. Blinken et l'administration font pression pour un accord qui ne verra aucune diminution des forces du Hezbollah entraînées à envahir Israël et à commettre un génocide. Leur accord ne prévoit aucune diminution de l'arsenal de missiles et de drones du Hezbollah, qui sont capables de détruire des cibles stratégiques et des populations civiles dans tout Israël.

La "solution diplomatique" de l'administration exige qu'Israël cède un territoire souverain au Hezbollah en échange du retrait des forces du Hezbollah de la zone frontalière.

Ce plan pose deux problèmes. Premièrement, il exige d'Israël qu'il cède son territoire à des terroristes. Deuxièmement, la seule force capable d'éloigner le Hezbollah de la frontière est l'armée israélienne, une perspective que l'accord vise à bloquer à tout prix.

En d'autres termes, comme dans le cas de Gaza, la politique américaine consiste à permettre aux ennemis d'Israël de remporter des victoires stratégiques en interdisant à ce dernier de les vaincre sur le champ de bataille.

Si l'on fait abstraction de l'engagement servile de l'administration à faire de l'Iran l'hégémon régional en donnant du pouvoir au régime et à ses mandataires terroristes, l'objectif explicite de l'effort de l'administration pour provoquer une défaite israélienne est d'établir un État palestinien.

Selon l'administration, le principal obstacle à cet objectif est Israël, et plus particulièrement le gouvernement Netanyahou, qui représente le peuple d'Israël.

Pour écarter cet obstacle, l'administration s'efforce de renverser le gouvernement Netanyahou. Dimanche, Jake Tapper, de CNN, a rapporté qu'un fonctionnaire de l'administration lui avait dit que M. Netanyahou devait choisir entre ses partenaires de coalition des partis nationalistes Sionisme religieux et Otzma Yehudit, dirigés respectivement par le ministre des finances Bezalel Smotrich et le ministre de la sécurité nationale Itamar Ben-Gvir, et ses liens avec le président Biden et les États-Unis.

En d'autres termes, M. Netanyahu doit choisir entre le public israélien, qui l'a élu à la tête d'une coalition gouvernementale de droite et de religion, et Washington, qui rejette la volonté du peuple israélien.

Lors de sa visite mardi, M. Blinken a pris l'initiative sans précédent de rencontrer en privé le ministre Benny Gantz et le membre de la Knesset Gadi Eisenkot. À la suite de l'invasion du 7 octobre, MM. Gantz et Eisenkot ont fait entrer leur parti d'opposition de gauche dans le gouvernement pour former une coalition d'urgence. L'administration a été tout à fait explicite quant à son intention d'utiliser ces hommes et leur parti pour renverser le gouvernement Netanyahou.

Immédiatement après leur rencontre, des informations ont commencé à circuler selon lesquelles Gantz était de plus en plus enclin à quitter le gouvernement. Blinken et l'administration envisagent deux scénarios pour la prise de pouvoir par Gantz. Soit Gantz incite à une révolte au sein du Likoud qui peut conduire à l'éviction de Netanyahou et à la formation d'un gouvernement alternatif qu’il dirigerait dans l'actuelle Knesset ; soit, en travaillant avec l'administration US, Gantz peut forcer Netanyahou à accepter des politiques pro-palestiniennes qui contraindront Smotrich et Ben-Gvir à quitter le gouvernement. S'ils partent et si Gantz reste dans la coalition, Netanyahou deviendra complètement dépendant de Gantz pour rester au pouvoir.

Dans les deux cas, l'administration pense qu'elle sera en mesure de forcer Israël à couronner l'Autorité palestinienne, dirigée par le Fatah terroriste, comme nouvelle dirigeante de Gaza. Cela ouvrira la voie à une campagne de pression massive visant à contraindre un gouvernement contrôlé par Gantz à faire des concessions stratégiques massives à l'Autorité palestinienne en Judée, en Samarie et à Jérusalem, pour faciliter  la création d'un État palestinien.

Les déclarations de M. Blinken sur le sujet étaient presque dépourvues de subtilités diplomatiques.

"Comme je l'ai dit au Premier ministre, tous les partenaires [arabes] que j'ai rencontrés au cours de ce voyage ont déclaré qu'ils étaient prêts à soutenir une solution durable qui mette fin au cycle de violence qui dure depuis longtemps et garantisse la sécurité d'Israël. Mais ils ont souligné que cela ne pouvait se faire que dans le cadre d'une approche régionale incluant la création d'un État palestinien", a-t-il ajouté.

"Pour que cela soit possible, Israël doit être un partenaire des dirigeants palestiniens qui sont prêts à conduire leur peuple à vivre côte à côte dans la paix avec Israël et en tant que voisins", a-t-il poursuivi, ajoutant qu'"Israël doit cesser de prendre des mesures qui compromettent la capacité des Palestiniens à se gouverner eux-mêmes de manière efficace".

Renouvelant sa pratique consistant à qualifier les Israéliens d'équivalents moraux des terroristes, M. Blinken a ensuite diffamé le demi-million de résidents israéliens de Judée et de Samarie ainsi que les forces de l'armée israélienne opérant dans ces régions.

"La violence des colons extrémistes perpétrée en toute impunité, l'expansion des colonies, les démolitions, les expulsions rendent plus difficile, et non plus facile, l'instauration d'une paix et d'une sécurité durables pour Israël", a-t-il déclaré.

Enfin, faisant écho au rapport de M. Tapper, M. Blinken s'en est pris aux dirigeants israéliens, déclarant que "si Israël veut que ses voisins arabes prennent les décisions difficiles nécessaires pour contribuer à assurer sa sécurité durable, les dirigeants israéliens devront eux-mêmes prendre des décisions difficiles".

M. Blinken a fait ses remarques à une heure de grande écoute. Avant qu'il ne prenne la parole, les commentateurs de gauche et de droite ont insisté sur le fait qu’il était un ami et un allié dans la guerre d'Israël. Après sa diatribe, ils ont honteusement changé de discours.

Ils ont admis que Blinken présentait des exigences qui allaient favoriser la défaite d'Israël. Le seul moyen pour Israël de mettre ses ennemis en déroute et de permettre à ses citoyens de rentrer chez eux dans le sud et le nord d'Israël est de faire exactement le contraire de ce que demandent les États-Unis.

Israël doit mettre fin à la farce de l'"assistance humanitaire" à Gaza. Il doit cesser de fournir de l'électricité et du carburant à Gaza. Il doit contrôler entièrement la distribution de nourriture et d'eau à la population. Il doit bloquer le retour de la population dans le nord de Gaza. Et il doit ouvrir la frontière égyptienne avec Gaza pour permettre aux Gazaouis de partir, [éventuellement] en sortant  par Israël.

Quant au Hezbollah, le gouvernement doit cesser de participer à la farce destructrice de la diplomatie américaine. Israël doit frapper les entrepôts de missiles et les casernes des terroristes et se préparer à mener une opération terrestre dans l'immédiat.

Israël doit vaincre le Hezbollah. C'est le seul moyen pour les Israéliens des communautés du nord de vivre en sécurité dans leurs maisons.

Si les États-Unis ripostent en imposant un embargo sur les armes à Israël, ce dernier devra se contenter de ce qu'il a et de ce qu'il peut produire. L'utilisation de missiles imprécis augmentera les dommages collatéraux, mais elle permettra aussi de gagner la guerre plus rapidement en faisant courir moins de risques aux soldats de Tsahal.

Depuis son entrée en fonction, l'administration Biden a traité Israël avec un mépris colonial. Plutôt que de respecter Israël en tant qu'allié indépendant, M. Biden et ses collaborateurs se sont comportés comme des suzerains impériaux aboyant des ordres à une province arriérée et gênante.

Malgré les pressions, M. Netanyahu et ses ministres doivent se rappeler qu'Israël n'est pas un État vassal. Nous sommes une puissance régionale prospère. C'est la puissance israélienne, et non la charité américaine, qui nous a soutenus jusqu'à présent. Et c'est la puissance israélienne, et non les largesses américaines, qui nous apportera la victoire dans cette guerre pour notre survie. S'il faut choisir entre le soutien de Washington et la victoire, la réponse va de soi.

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Référence :

Victory is more important than US support, traduction Le Bloc-note

par Caroline B. Click, JNS, le 10 janvier 2024

Caroline B. Glick est rédactrice en chef du Jewish News Syndicate et animatrice du "Caroline Glick Show" sur JNS. Elle est également commentatrice diplomatique pour la chaîne israélienne Channel 14 et chroniqueuse pour Newsweek. Caroline Glick est chargée de mission pour les affaires du Moyen-Orient au Center for Security Policy à Washington et chargée de cours au College of Statesmanship d'Israël.