Selon divers scénarios, la confrontation directe entre Israël et l'Iran à échéance relativement brève n'est pas une hypothèse fantaisiste. L'équilibre précaire qui régnait jusqu'aux "pressions maximales" de Donald Trump est rompu car l'Iran ne veut renoncer pour rien au monde à son objectif d'armement nucléaire et balistique indispensable à la réalisation de ses ambitions d'hégémonie au Moyen-Orient et au-delà. Et Israël, cerné par des groupes combattants aux ordres du régime des ayatollahs, munis d'armes très avancées, ne peut pas accepter le risque existentiel que cette situation représente.
*****
L’éventualité d’une
attaque iranienne imminente est la question que se posent avec plus
d’acuité que jamais les responsables politiques et militaires israéliens. Dans
les derniers mois le paysage stratégique a changé radicalement. A l’occasion de
l’installation de la 22ème Knesset le 3 octobre dernier, Netanyahou
soulignait : « Nous sommes
confrontés à un énorme défi sécuritaire, qui en fait s’intensifie de semaine en
semaine. ». Le chef d’état major Aviv Kochavi confirmait cette évolution
le 24 octobre : « Sur les
fronts Nord et Sud, la situation est fragile et tendue et pourrait dégénérer en
confrontation » Son directeur des opérations, le général Aaron Haliva,
précisa « Il y a des menaces qui
pèsent sur notre Est, notre Nord et notre Sud… L’année prochaine ne sera pas
favorable à la sécurité d’Israël… il y a des forces iraniennes sur le plateau
du Golan, ce n’est pas de l’alarmisme, ils sont là. »(2)
Dans le même
temps, Yaakov Amidror, l’un des experts les plus remarquables du pays,
observait que l’Iran veut construire
autour de l'état juif un
« cercle de feu ».(3)
De leur coté les Iraniens multiplient les variations autour de leur promesse
éradicatrice. Pour Hossein Salami, le chef des Gardiens de la révolution, « le sinistre régime doit être rayé de
la surface de la terre, et ce n’est plus un rêve lointain, ….mais un but
atteignable. »(4). Deux jours plus tôt son adjoint chargé des
opérations, Abbas Nilforoushan, se vantait dans le même esprit : « l’Iran a encerclé Israël de quatre cotés. Il
ne restera rien d’Israël. »(5)
Les données de l’affrontement israélo-iranien avant l’été 2019
En fait si le tableau de l’affrontement s’est radicalement modifié
à l’été 2019, on doit rappeler les données de la situation antérieure pour
comprendre ce qui est en train de se passer.
A la suite de l’accord nucléaire de Vienne de juillet 2015, l’Iran a bénéficié d’un redressement
spectaculaire de ses finances. Outre 100 milliards de dollars restitués en
cash et 15 milliards offerts en récompense de son consentement à négocier,
Téhéran recevait une pléthore d’investissements en provenance d’Europe, de
Chine, de Russie, etc. Fort de ses victoires diplomatiques et financières,
profitant de la faiblesse de ses partenaires occidentaux et d’abord du calcul
de Barack Obama qui voulait en fait lui remettre les clés de la région, l’avenir
s’éclairait pour le régime des ayatollahs. Allait-il penser à l’existence
quotidienne de son peuple ou à la modernisation de sa société ? Il fallait
un certain penchant pour l’élucubration, souvent présente chez l’occidental post-moderne
et universaliste, pour le croire. L’Autre
ne voit pas ce que vous imaginez qu’il voit, quand vous portez vos lunettes
noires. Le régime iranien avait fait dès sa naissance le choix idéologique
de servir le triomphe planétaire de l’islam. « l'Armée de la République
islamique d'Iran et le Corps des Gardes de la Révolution islamique … seront
responsables, non seulement de la garde et de la préservation des frontières du
pays, mais aussi de l'exécution de la mission idéologique du jihad sur la voie
de Dieu, c'est-à-dire de l'expansion de la souveraineté de la Loi de Dieu à
travers le monde… » (6)
Concrètement, l’Iran se fixait en juillet 2015 le double
objectif de précipiter son effort nucléaire et redoubler ses menées expansionnistes
dans la région. Concernant l’armement nucléaire, il se focalisait sur les
technologies et les moyens qui lui manquaient encore : l’usinage de la bombe, sa miniaturisation(7)
et un système de missiles balistiques intercontinentaux. Concernant la
région, il allait déclencher des guerres pour investir en profondeur de
nouveaux espaces, la Syrie, l’Irak et le Yémen. Ainsi, le parlementaire Ali Reza Zakani
ou l’ayatollah Ali Yunesi, conseiller de Rohani, se vanteront dès 2015 de
contrôler Beyrouth, Damas, Bagdad, et Sanaa.
Les tactiques de guerre de l’Iran sont originales à cette
échelle. Elles consistent grossièrement à
créer ou à contrôler des groupes, partis, milices, tribus, clans, qui feront la
guerre pour son compte par procuration, sur le modèle du Hezbollah iranien,
du Djihad islamique palestinien ou des Houthi yéménites. C’est ce qui permet aux
ayatollahs de ne pas s’afficher en première ligne dans les campagnes ordonnées
aux supplétifs, ni d’endosser les horreurs qu’ils commettent. En même temps, ils
économisent hommes et finances dans ces conflits relativement peu coûteux. Dans
cette logique, l’Iran n’hésite pas à transférer massivement les armes et les
technologies les plus avancées à ses milices. Par exemple, après avoir
abondamment doté en missiles le Hezbollah, il lui apporte aujourd’hui le
savoir-faire et les équipements pour ajouter sur place des systèmes de guidage
de précision sur les engins de son arsenal, ce qui en multiplie la dangerosité.
Aujourd’hui les Occidentaux sont alarmés par une disposition
de l’accord de Vienne qui limite à cinq
ans l’embargo sur les livraisons d’armes avancées à l’Iran. La Chine et la
Russie auront à ce terme le feu vert pour livrer des engins avancés comme les
missiles de croisière et les technologies connexes à Téhéran, lequel
s’empressera de les confier à ses « proxies ». Bian Hook, le
représentant spécial des États-Unis pour l’Iran, a mis en garde la commission des
affaires étrangères du Sénat à ce sujet : « Depuis 2017, l’Iran a élargi ses activités en matière de missiles balistiques
à ses partenaires dans toute la région. »(8) L’embargo devra être levé
le 18 octobre 2020, et ni la Chine, ni la Russie, qui ont droit de veto à l’ONU,
ne semblent disposés à le proroger. Les armes concernées peuvent frapper
Israël, mais l’Europe tout aussi bien.
Ainsi, les guerres de
l’Iran par supplétifs interposés, en marge du droit et des conventions
internationales, qu’on les appelle asymétriques ou terroristes, lui
permettent de réaliser la fusion inouïe, entre le rôle de mentor d’une
politique révolutionnaire et celui de membre de la communauté internationale, entre
le statut de seigneur de la subversion et celui de zélateur de l’ordre
international.(9)
La stratégie
israélienne de guerre entre deux guerres
de son coté, Israël
ne peut pas accepter trois implications de la poussée des fous de Dieu chiites
après 2015 :
a) que l’Iran
devienne nucléaire. En effet la bombe atomique peut infliger des dommages
immenses à un pays exigu, où les
populations et les infrastructures sont aussi concentrées. Sans même l’utiliser
directement, elle constituerait un moyen de chantage imparable rendant vite la
vie impossible dans l’état juif.
Et même, strictement cantonnée à la défense d’un Iran mythique qui serait prudent
et rationnel, son déploiement se terminerait inéluctablement en apocalypse
comme l’a démontré avec lucidité Steven R. Davis ;(10)
b) que se forme à sa
frontière Nord avec la Syrie et au-delà en Irak, un second front sur le modèle de celui du Liban-sud, avec le
déploiement de milices pro-iraniennes à sa frontière et de missiles à moyenne
distance ;
c) que des arsenaux
de missiles dotés d’un guidage de précision soient déployés à portée de son
« interland » mettent ses populations, ses villes, et ses
infrastructures à la merci des supplétifs du Guide suprême iranien.
C’est ainsi que les stratèges de Jérusalem ont inventé et appliqué le concept de « guerre entre
deux guerres »(11), c’est-à-dire d’opérations ponctuelles interdisant à
proximité des frontières, le déploiement de troupes ou d’infrastructures
ennemies et les transports d’armes conventionnelles et de systèmes de guidage « game changers », c’est-à-dire susceptibles
de bouleverser l’équilibre des forces militaires. Les opérations sont parfois
militaires mais elles peuvent aussi bien consister en cyber-attaques, en guerre
psychologique, économique et même diplomatique. Pour rester « entre deux
guerres » ces initiatives ne doivent pas déboucher sur une guerre générale
et elles sont soigneusement calibrées pour obéir à cette condition. Mais la
non-guerre n’est pas la paix ; c’est
le moment « gris » où l’on agit ponctuellement pour ne pas aborder la
guerre suivante dans des conditions défavorables. Ainsi, selon des rapports
étrangers, on ne compte pas moins de 300 cibles frappées par Israël en Syrie
seulement. D’autres rapports évoquent une activité encore plus importante.
Yaakov Amidror, cité plus haut, se félicite des résultats de cette stratégie
« agressive » mais regrette à demi-mots la stratégie antérieure de
« prudence » qui a laissé le Hezbollah accumuler de 130 à 150.000
missiles au Liban sud.(12) Cependant il semble bien que depuis que l’Iran a
fait savoir qu’il riposterait aux attaques sur ses forces ou ses installations,
Israël fasse preuve d’une retenue inhabituelle. Selon certains observateurs,
trop de choses ont changé, la guerre entre deux guerre est un concept désormais
caduc.(13) Pour eux, il faut revoir d’urgence la doctrine stratégique du pays
et l’ajuster à la situation nouvelle.
Les grands changements de l’été 2019
Dès le mois de juin, l’Iran est passé à l’offensive,
bouleversant la politique américaine au point que Donald Trump est passé de la
position de celui qui impose des négociations à l’Iran à celui qui les
quémande. Abandonnant du même coup ses alliés traditionnels, il a perdu toute
fiabilité à leurs yeux. Cela les a incités à rechercher des relations directes
avec l’Iran pour obtenir des accommodements. De plus Téhéran a montré des
capacités tactiques inattendues . Déjouant par un coup de maître stupéfiant
tous les systèmes de détection américains et saoudiens il a paralysé en
quelques minutes par des frappes ponctuelles, 50% du potentiel pétrolier de
Riyad, sans faire de morts ni de blessés,
sans même casser une vitre dans un bâtiment des environs.(14) Sa liberté
d’action est désormais si totale qu’il n’hésite plus à se libérer ouvertement
des contraintes de l’accord nucléaire.
Le naufrage de Donald
Trump
Le 8 mais 2018 Donald Trump s’était retiré de l’accord
iranien conformément à son engagement électoral de refuser le « pire des
accords ». Il avait auparavant demandé à Téhéran, sans succès, une
réouverture des négociations. Il voulait revenir sur le caractère temporaire des
restrictions de la production iranienne de matière fissile (sunset clauses) et élargir la discussion
aux missiles à longue portée et aux activités subversives des ayatollahs dans
plusieurs pays du Moyen-Orient. Devant le refus persistant de ces derniers, il annonçait un retour progressif au régime
des sanctions dans les 180 jours. Plusieurs trains de ces mesures ont fini
par créer une situation où l’Iran, désertée par les multinationales qui
développaient des projets sur son sol, était privé d’exportation de son
pétrole, les pays étrangers acheteurs y compris la Chine risquant eux-mêmes des
sanctions.
Ce régime de « pressions maximales » devait amener
Téhéran à accepter d’entrer en négociation dans les termes voulus par Donald
Trump. Mais l’Iran a tout de suite exigé
le retrait préalable des sanctions avant d’envisager l’opportunité d’une
négociation. La situation était bloquée et l’ardeur d’Emmanuel Macron et
d’Angela Merkel qui ajoutaient une soulte de 15 milliards de $ pour complaire
aux ayatollahs ne fit pas avancer les choses d’un pouce.
Au lieu de s’incliner,
l’Iran choisit l’offensive. Une série d’opérations d’intimidation intervenaient
à partir du mois de mai 2019, juste après l’expiration des autorisations
provisoires d’achat de pétrole iranien accordées pour 6 mois à quelques pays. Très
agressives, elles allaient du sabotage de pétroliers en mer, à la capture de
cargos et de pétroliers, et aux frappes sur des terminaux en l’Arabie saoudite.
Pour couronner le tout, un drone de
surveillance Global Hawk aux
couleurs américaines, particulièrement onéreux, était abattu le 20 juin 2019. L’Iran
ne reconnait jamais qu’il est l’auteur ou l’inspirateur de ces opérations de
guérilla étatique. Il oppose aux accusations un déni moqueur, y compris dans le
cas du drone américain abattu, l’accusant d’avoir violé son espace aérien.
L’Iran a démontré à Trump qu’il pouvait paralyser les routes
maritimes de la zone du Golfe, ouvrir divers fronts dans la région, et l'entraîner dans le bourbier d’une guerre asymétrique, le cauchemar absolu du Pentagone et
du candidat à la réélection en 2020.
Résumons : Trump a cru qu’il pourrait faire plier
l’Iran avec des sanctions économiques. L’Iran a répondu en menaçant de le
contraindre à une guerre asymétrique globale par procuration qui lui coûterait
sa réélection. Khamenei a ainsi triomphé de Trump par ippon.
S’ouvrait l’ère du recul. KO debout, Donald Trump a commencé
par s’abstenir de répondre militairement aux perturbation des routes maritimes,
aux sabotages, aux captures de pétroliers, à la destruction d’un drone
d’observation aux couleurs de l’Amérique, à la frappe du 14 septembre au cœur
du territoire de son allié saoudien. La première mesure administrative de cette
marche arrière date du 1er août 2019. Ce jour-là le président américain
renouvela les dérogations (waivers) autorisant certains pays à coopérer avec
l’Iran dans le nucléaire civil, l’une des voies identifiées de la poursuite
clandestine de son programme nucléaire militaire. Selon Michael Doran, l’un des
experts américains les plus pointus, « Pour Khamenei, alors,
les dérogations sont la pierre angulaire de l’accord nucléaire, la structure
qui procure une couverture internationale pour le programme d’armes nucléaires
de l’Iran. ”(15)
C’est cette pierre angulaire que
Trump n’a toujours pas osé renverser en révoquant les fameux
« waivers » à l’échéance de la fin octobre, alors que les Iraniens
s’autorisent officiellement une reprise des activités nucléaires interdites à
Fordow et à Arak, deux infrastructures nucléaires majeures de leur programme
d’armement.(16) En
cohérence avec ce rétropédalage général, il avait déjà congédié le 10 septembre
son conseiller à la sécurité nationale, John Bolton, un partisan d’une ligne de
fermeté.(17)
Les « pressions
maximales » ne sont désormais rien de plus qu’un slogan. Lors de la
session de rentrée de l’Assemblée générale de l’Onu à Washington, Trump s’humiliait en quémandant un entretien
téléphonique à Hassan Rohani dans son
hôtel, lequel ne daigna pas prendre l’appel.
Comment expliquer ce désastre historique ? On
peut évoquer la campagne électorale en cours, Trump ayant promis à ses
électeurs de retirer les États-Unis des guerres entamées par ses prédécesseurs
et de ne pas en engager de nouvelles. Il y a aussi la perte de valeur relative
de la région moyen-orientale pour des États-Unis désormais autosuffisants en
pétrole. Il y a l’habile stratégie iranienne de refus du rapport des forces, de
montée aux extrêmes, attitude totalement inimaginable pour un artiste du business. Il y a la nécessaire
focalisation des moyens américains sur l’Asie où la Chine leur taille des
croupières. Cependant, ces contraintes ne justifient nullement les choix hasardeux
de l’actuel locataire de la Maison Blanche.
Fondamentalement, les failles de Trump ont été de
deux ordres : l’ignorance de l’histoire, l’absence d’une vision d’un
coté, des méthodes de travail qui confinent à la légèreté de l’autre. Sa
conception du leadership se limite à l’art du deal, à gagner sur le tapis une
série ininterrompue de conflits matériels. Elle néglige la vision de l’avenir
et le poids des éléments immatériels. Le président ne saisit visiblement pas la
force mentale des convictions partagées ni la puissance des postures comme le respect des engagements, la distinction
entre amis et ennemis, la dissuasion à l’endroit de l’ennemi, la coïncidence
entre les paroles et les actes, etc. En matière de prise de décision,
ce qui frappe c’est son amateurisme : incapable d’envisager le second et
le troisième coup qui suivent une décision, sa méconnaissance de l’histoire est
flagrante comme son incapacité à stabiliser et à animer les travaux de ses équipes
de conseillers. Plus que le cynisme, c’est la médiocrité qu’il faut incriminer.
La liberté d’action de
l’Iran et sa maîtrise des technologies militaires de pointe
La déconfiture de Trump a eu un effet immédiat : l’impunité
de l’Iran. L’héritier de la Perse antique ne craint plus les représailles potentiellement
redoutables de l’Amérique quelles que soient ses prises de risque dans la
région. Il a pu frapper impunément à Abqaiq et Khurais le vieil allié du
Pacte du Quincy de 1945 avec une arrogance inouïe, privant la communauté
internationale de 50% de ses ressources en hydrocarbures. Il a pu abattre
impunément le fameux drone d’observation. Il a pu fournir impunément aux Houthi
des armes avancées, se comporter en occupant en Irak, etc.
La seconde liberté d’action obtenue par Téhéran est le
produit de la déconfiture de ses adversaires sunnites directs, l’Arabie,
Bahreïn, et les Émirats arabes Unis,
exposés à ses coups de boutoir. Ils sont
allés à Canossa, c’est-à-dire à la cour de Khamenei, pour s’épargner de
nouvelles volées de bois vert iranien. « Le ministre saoudien des Affaires étrangères Adel al-Jubeir a confirmé
sur Twitter que l'Arabie saoudite a relayé un message à l'Iran via un "
pays frère ", à savoir que l'Arabie saoudite a toujours recherché la
stabilité et la sécurité régionales. »(18) Les ayatollahs n’ont plus
de souci à se faire de ce coté là, du moins à court terme, car l’antagonisme
ancré dans les appartenances religieuses est trop profond pour être si aisément
résolu.
Restent deux questions : 1) l’Amérique de Trump
restera-t-elle neutre si l’Iran attaque Israël ? 2) Restera-t-elle en
dehors du jeu si l’Iran décide de passer au « saut nucléaire » ?
Des réponses assez nettes ont été apportées par les
dirigeants des deux pays. Netanyahou ne se fait aucune illusion : il
aurait déclaré au membres du cabinet « que le président américain Donald Trump
n'agirait pas contre l'Iran avant les élections générales américaines de
novembre 2020 au plus tôt … »(19) Christopher Ford, secrétaire
d’État adjoint à la non prolifération des États-Unis participait à Tel Aviv à une
conférence de l’INSS (Institute for
National Security Studies) le 11
novembre dernier. Interrogé sur l’attitude des États-Unis face à la violation
croissante par l’Iran des limitations de l’accord nucléaire, il répondit que ceux-ci
« ne peuvent pas forcer l’Iran à revenir sur l’impasse que connait
l’accord nucléaire… nous avons
mis autant de contraintes que possible sur le comportement de l’Iran… »
Visiblement il faut entendre que les États-Unis ne veulent pas utiliser, même
dans les cas les plus graves, d’autres moyens de contrainte, les moyens
militaires par exemple.(20) Le général Yaakov Amidror qui participait à la même
réunion que le secrétaire d’état
américain n’est pas allé par quatre chemins : « Il se peut que nous devions agir directement en Iran pour arrêter les
Iraniens… Le monde n’est pas prêt à agir, ..ni l’Otan, ni les USA… ils
préfèrent fermer les yeux. » ajoutant « si le monde n'empêchait pas
l'Iran de se doter de l'arme nucléaire, l'Arabie saoudite et la Turquie le
feraient aussi et de nombreux pays du
Moyen-Orient auraient éventuellement des armes qui pourraient potentiellement
dévaster Moscou, Berlin et Washington. »(21)
Comment se présente en définitive le théâtre du Moyen-Orient
pour Israël à la fin de l’été 2019 ?
1) Son principal allié, l’Amérique, qui a perdu son influence dissuasive sur les acteurs locaux, laisse une
liberté d’action entière à l’Iran, y compris s’il s’engage dans le « saut
nucléaire »;
2) L’Iran maîtrise des technologies militaires comme le traitement
avancé du renseignement et l’emploi de missiles et de drone de croisière
particulièrement indétectables. Il représente donc une menace stratégique toute
nouvelle qu’Israël ne sait pas forcement traiter ;
3) Les alliés arabes, coalisés face à l’Iran sous l’aile américaine,
se débandent désormais et négocient avec les ayatollahs, ce qui permettra
d’attendre d’eux, au mieux, une certaine neutralité dans l’affrontement d’Israël
avec l’Iran ;
4) La « guerre entre
deux guerres » qui limitait l’arrivée des armes avancées, l’incrustation
des milices sur le Golan et les tirs venant d’Irak, semble être ravalée par
l’Iran à un casus belli, retirant à
Jérusalem une option pour se défendre tout en évitant la guerre ouverte ;
5) Les capacités offensives des milices supplétives de l’Iran
au
Liban, à Gaza, en Syrie, en Irak et au Yémen sont en progression rapide puisque l’Iran leur transfère systématiquement
des armes avancées (en partie missiles de croisière, drones d'attaque) et
les technologies pour les produire sur place ;
6) Les origines géographiques possibles de la menace se sont
élargies puisque le Yémen, destinataire
de missiles iraniens à longue portée, s’est ajouté à la liste des pays d’où
l’Iran peut lancer ses attaques, par le sud cette fois-ci, prenant à revers
les défenses israéliennes plutôt orientées contre une menace venant du nord.
A l’inverse, la situation de l’Iran se dégrade aussi
concernant certains paramètres :
1) Il disposera de moins en
moins de fonds pour payer l’entretien de ses milices (évaluées à 200.000
combattants au total) et la fourniture de services aux populations locales où
elles sont cantonnées tant que des sanctions économiques américaines perdureront ;
2) Des mouvement de masse puissants
et durables se sont développés au Liban et en Irak pour protester contre la
présence de ses milices supplétives et son emprise sur les états nationaux , ce qui multiplie
les aléas qui pèsent sur sa stratégie expansionniste et en augmentent le coût ;
3) La dégradation de la
situation économique de Téhéran ne peut pas manquer d’accroître l’instabilité
intérieure du régime, ce qui devrait aussi modérer ses avancées régionales.
Que veut exactement l’Iran ?
Comme « partisan d’Ali » Khomeiny a donné à sa
révolution la mission de rétablir
l’essence divine de la succession du Prophète, c’est-à-dire d’amener les
musulmans à rallier la vraie foi et d’écarter du pouvoir islamique suprême quiconque
ne peut faire valoir un lien de filiation avec lui.
Le rêve du régime est
de chasser du Moyen-Orient le grand Satan américain pour agir sans entraves, de
détruire le petit Satan israélien pour
se poser en libérateur, et de
retirer à la famille Saoud, dépourvue de tout lien familial avec Mohamed, la
fonction de gardien des deux villes saintes de l’Islam, La Mecque et Médine. Il
pourrait sur la base de ces victoires
devenir le phare des musulmans et leur rendre leur foi épurée des 15 derniers
siècles d’errements. C’est en cela qu’il s’agit d’un régime d’essence
révolutionnaire et que tout ses actes doivent être rapportés à cette grille de
lecture.
Enfin, depuis plusieurs décennies, les Khomeynistes rêvent
de sanctuariser leur pré carré et s’ouvrir des opportunités de conquête en
développant un armement nucléaire et balistique moderne.
Au-delà de ces rêves entretenus avec persévérance depuis 40
ans, les ayatollahs sont pragmatiques et opportunistes en même temps. Ils poursuivent aujourd’hui des objectifs d’étape
très concrets. La destruction d’Israël n’est pas leur première urgence. Ils la
voient comme le couronnement de leur emprise sur le Moyen-Orient dans un
processus progressif d’isolement, de harcèlement et d’étranglement, car leur doctrine opérationnelle leur commande
de masquer leurs coups et d’agir par procuration. Ils s’attachent
actuellement à multiplier les sites d’origine de leurs possibles attaques, et à
disperser des cibles toujours plus nombreuses pour compliquer la défense
d’Israël. Mais pour sécuriser leur implantations en Irak et en Syrie exposées aux
frappes israéliennes, ils pourraient lancer à n’importe quel moment des
attaques à l’intérieur de l’État hébreu sur le modèle de celle qui a ébranlé l’Arabie
saoudite le 14 septembre, ou sur une mode nouveau, moins prévisible.
On peut anticiper leur agenda : le raid écrasant qu’ils
ont mené le 14 septembre sur les champs pétroliers du cœur de l’Arabie avait
sans doute pour objectif premier l’abandon par Riyad de son intervention au
Yémen. D’ailleurs, après les Émirats arabes unis, ils semble que ce pays ait
baissé les bras et soit en train de négocier sa sortie du théâtre yéménite
d'importance majeure pour son avenir. Dans cette affaire, l’Iran trouve
l’avantage de consolider le règne de son
obligé Houthi qui lui offre des
positions rêvées à l’entrée du détroit stratégique de Bab el-Mandel.
Le second objectif, c’est d’obtenir un gel progressif des
sanctions américaines en cours. Christopher Ford déclarait lors de la conférence
de Tel Aviv évoquée plus haut que les États-Unis avaient proposé à l’Iran
une offre de négociation comprenant : « l’allègement de toutes les sanctions[...] le rétablissement
des relations diplomatiques et des relations de coopération semblables à celles
avec les États normaux[...] Vous devez vous comporter comme un État normal,
mais j'espère que l'Iran fera ce choix[à son tour]. »(22) Les ayatollahs attendent sans doute pour acquiescer d’avoir
la garantie, façon Obama, qu’un nouvel accord scellera la réconciliation sans vraiment
brider la poursuite de leur programme nucléaire et balistique.
L’Iran
poursuivra naturellement l’édification du « cercle de feu » autour
d’Israël en stabilisant les groupes armés supplétifs déjà déployés, en les
équipant d’armes toujours plus avancées, en améliorant leur coordination et
leur capacité de manœuvre. De ce point de vue, la Jordanie est dans l’œil du cyclone car elle dispose de longues
frontières avec l’Irak et aussi avec Israël. On peut s’attendre à des
opérations de subversion téléguidées depuis Téhéran pour contraindre ce royaume
sunnite à intégrer "l'axe chiite".
Enfin, la
campagne électorale américaine s’achèvera le 03 novembre 2020, dans un peu
moins d’une année. Comme l’a bien précisé Christopher Ford, l’Iran aura dans
cette période une totale liberté d’action y compris concernant la conduite de
son programme nucléaire. Les ayatollahs
pourraient parfaitement saisir cette fenêtre inespérée pour se projeter dans le
« saut nucléaire », la construction de la bombe, qui
nécessiterait théoriquement un an mais en réalité, chacun le sait, seulement
quelques mois.
Quelle
stratégie pour Israël ?
Dans un
affrontement sur un théâtre stratégique aussi vaste, élargi encore de milliers
de kilomètres par la portée nouvelle des missiles, l’un des impératifs est d’identifier les alliances possibles. Les
premiers alliés potentiels d’Israël face à l’Iran devraient être les pays
européens, pas par excès de sympathie pour l’État juif, mais parce qu’ils partagent
avec lui d’importants intérêts communs. L’Europe est à portée des missiles
intercontinentaux de l’Iran et elle sait que ces missiles risquent d’être
bientôt garnis d’ogives nucléaires. Elle
sait aussi avec quelle brutalité les ayatollahs poussent leurs pions. Les 58
soldats du poste Drakkar tués en 1983, les attentats de Paris de 1985/86 et les
prises d’otage du Liban, l’attentat déjoué de Villepinte en 2018, sont dans les
mémoires. Elle sait que l’Iran est en train de s’approcher de la Méditerranée,
leurs arrière-cour en quelque sorte. Enfin, elle sait enfin qu’étant déployés
dans le Golfe persique et aux abords de Bab el-Mandel, les Iraniens tiennent
des routes maritimes stratégiques du sud qu’ils peuvent assaisonner à leur gré,
provoquant s'il le faut un séisme dans l’économie mondiale dont l'Europe serait
la première victime. Israël doit rechercher et nourrir cette alliance dans un
esprit créatif.
Par ailleurs, Israël doit se préparer à
l’éventualité d’attaques massives par des vagues de missiles. On estime que le Hezbollah dispose au
Liban de 130 à 150.000 missiles qui pour une part disposent d’un guidage de
précision. En cas de guerre totale, le groupe terroriste, qui est en fait une
armée, pourrait lancer 1.000 missiles par jour. Il est impossible d’interrompre
ce genre d’offensive par des dispositifs antimissiles (qui seraient saturés) ni
par l’aviation qui n’est pas configurée pour frapper une quantité indéterminée
de micro cibles. La seule solution serait le déploiement immédiat de troupes au
sol pour occuper au plus vite le terrain.
Cela suppose un changement radical de doctrine
militaire. Depuis 1982 la
doctrine d’Israël est résumée en une formule, "Intel/Firepower", soit
renseignement et frappes puissantes sur les cibles. Cette option permet d’économiser
les déploiements au sol, donc la vie des soldats. Mais l’ennemi s’est adapté.
Il sait disperser les cibles, il sait déployer de pseudo-cibles, il sait
enterrer ses hommes et ses armes. D’où un rendement décroissant du couple
Intel/Firepower. L’alternative est le retour à la doctrine antérieure des « résultats décisifs »,
c’est-à-dire combattre au sol sur le territoire de l’ennemi pour mettre un
terme effectif à sa capacité de nuisance. La victoire dans la seconde Intifada
est intervenue en avril 2002 avec l’opération « Rempart », quand après
des centaines de victimes on a enfin consenti à envoyer les soldats dans les
grandes villes palestiniennes d’où partaient les commandos jihadistes.(23) La
construction d’une armée conventionnelle capable d’exceller dans les manœuvres
au sol est une option complexe qui prend du temps. L’état-major israélien en est parfaitement conscient.
Le troisième
aspect de la stratégie d’Israël est la
défense contre les missiles de croisière et les drones d’attaque si
difficiles à détecter. Si les satellites américains et saoudiens et les
dispositifs au sol ont été incapables de détecter les deux essaims de missiles
et de drones d’attaque iraniens qui approchaient de leurs cibles en volant près
du sol, c’est en partie parce que la zone à couvrir était immense. La surface
de l’Arabie saoudite est du même ordre que celle de l’Europe entière. De ce
point de vue, Israël a deux avantages. D’un coté, il n’est pas soumis à l’effet
de surprise puisque le raid en Arabie est antérieur et qu’il a été dument analysé
(24). De l’autre, vu l’exigüité la zone à couvrir, la couverture actuelle est
presque suffisante et il existe des radars Doppler bon marché, de conception
israélienne, qui peuvent couvrir l’espace éventuel entre l’horizon de
détectabilité des dispositifs actuels et le sol.
Enfin, last but not least, quelle réponse apporter à un Iran qui
aurait entrepris le « saut nucléaire », une hypothèse bien
plausible, on l’a vu. L’état-major israélien connait ses propres moyens et les
difficultés d’une telle entreprise. A trois reprises, de 2010 à 2012, Bibi Netanyahou
et Ehoud Barak auraient commandé à l’armée des raids de destruction des
installations du programme nucléaire des
ayatollahs que les responsables de la défense Meir Dagan et Gabi
Askhenazi en 2010, puis Benny Gantz en
2011, ont refusé d’exécuter. La troisième tentative en 2012 a avorté suite à un
différend sur le calendrier entre Netanyahou et Barak.(25) En 2019, l’opération
est beaucoup plus compliquée car l’Iran s’est doté, 10 ans après, de moyens de défense et de riposte nouveaux.
L’affaire est aujourd'hui entre les mains des hiérarchies politiques et
militaires du pays.
Ce qui est sûr c’est qu’il y a plusieurs
façons de poser le problème iranien en général. A demi-mots Yaakov Amidror
suggère une critique de la politique suivie dans la dernière décennie :
une stratégie « prudente », donc perdante, a laissé le Hezbollah
accumuler un arsenal offensif monstrueux sur la gorge de l’état juif. Ensuite, avec la guerre de
Syrie, une « stratégie agressive », donc gagnante, a permis de
freiner les transferts d’armes vers le nord, la diffusion des systèmes de
guidage de précision des missiles et l’installation de bases militaires. Que
nous suggère Yaakov Amidror ? « L'Iran s'est rendu compte qu'Israël a réussi en Syrie [à
démanteler une machine de guerre], alors il a commencé à construire une branche
de sa machine de guerre indépendante en Irak…. Pour l'Iran, l'idée est d'avoir
une capacité militaire proche d'Israël, tout en restant à distance. Une
question intéressante est de savoir quelle devrait être la réaction d'Israël
dans une telle situation. Nous savons que la tête du serpent est en Iran.
Israël va-t-il poursuivre des cibles en Syrie, en Irak, au Liban ou au Yémen ? Ou irons-nous directement à la tête du serpent
? » (26)
Notes
(1) Israel’s army
chief stands alone against security threats Ben Caspit October 25, 2019 https://www.al-monitor.com/pulse/originals/2019/10/israel-security-threat-us-withdrawal-iran-russia-kochavi.html#ixzz64rLtM5eE
(2) Idf Operations Head: Threat Posed By Iran Is Not
'Fear-Mongering' https://www.jpost.com/Arab-Israeli-Conflict/IDF-Operations-Head-Threat-posed-by-Iran-is-not-fear-mongering-606991
(3) Foreign-policy experts
predict that an Iranian attack on Israel is just a matter of time Israel Kasnett, JNS, 4 nov 2019 https://www.jns.org/foreign-policy-experts-predict-that-an-iranian-attack-on-israel-is-just-a-matter-of-time/
(4) Iran Guards chief: Destroying Israel now not a
dream but an ‘achievable goal’ AFP andTOI STAFF30 Sept. 2019, https://www.timesofisrael.com/iran-guards-chief-says-destroying-israel-is-not-a-dream-but-an-achievable-goal/
(5) ibi
(6)Préambule de la constitution iranienne
du 24 octobre 1979 http://www.servat.unibe.ch/icl/ir00000_.html
(7) Pour être
tranquilles, les Iraniens interdirent aux inspecteur de l’AIEA l’accès des
sites militaires où ces recherché étaient menées, sans que les vertueux pays
négociateurs de l’accord de Vienne s’en émeuvent…
(8) Iranian Mayhem Is About to Get Worse, Eli Lake, 24 Octobre 2019 https://www.bloomberg.com/opinion/articles/2019-10-24/iranian-mayhem-in-the-middle-east-is-about-to-get-worse
(9) Ce
thème est développé dans le remarquable rapport de l’International Institute for
Strategic Studies
Iran’s Networks of
Influence in the Middle East, 7 Nov. 2019, https://www.iiss.org/publications/strategic-dossiers
(10) Armed and Dangerous: Why a Rational, Nuclear Iran Is an Unacceptable Risk
to Israel , Prof. Steven R. David, 1er Novembre 2013 https://besacenter.org/wp-content/uploads/2013/11/MSPS104.pdf
(11) The Campaign Between Wars: How Israel Rethought
Its Strategy to Counter Iran’s Malign Regional Influence, Gadi Eisenkot et Gabi Siboni, PolicyWatch 3174, 04 Sept. 2019, https://www.washingtoninstitute.org/policy-analysis/view/the-campaign-between-wars-how-israel-rethought-its-strategy-to-counter-iran
(12) Foreign-policy experts
predict that an Iranian attack on Israel is just a matter of time Israel Kasnett op. cit.
(13) Israel's restraint
comes with a price by Yoav Limor, Israel Hayom, 07
nov 2019 https://www.israelhayom.com/2019/11/07/israels-restraint-comes-with-a-price/
(14) Saudi Arabia’s Black September, Dr. Uzi Rubin, 15 oct. 2019, https://jiss.org.il/en/rubin-saudi-arabias-black-september/
(15) What Iran Is Really Up To, Michael Doran, June 24 2019 https://mosaicmagazine.com/observation/politics-current-affairs/2019/06/what-iran-is-really-up-to/
(16)
Trump renews sanctions waivers to allow Russia,
China and Europe to continue nuclear work in Iran, Negar Mortazavi, 31 October 2019, https://www.independent.co.uk/news/world/americas/trump-iran-nuclear-work-russia-china-europe-sanction-a9180121.html
(17) The Purge of John Bolton, Dr. Jiri et Leni Valenta, 15 oct. 2019, https://www.gatestoneinstitute.org/15021/bolton-purge-trump-obama-moments
(18) A Possible Thaw in
Iranian-Saudi Tensions: Ramifications for the Region and for Israel, Yoel Guzansky, Sima Shine, INSS
Insight No. 1222, November 3, 2019 https://www.inss.org.il/publication/a-possible-thaw-in-iranian-saudi-tensions-ramifications-for-the-region-and-for-israel
(19)
Netanyahu told ministers Trump can’t be counted
on to act against Iran, TOI STAFF, 01
November 2019,https://www.timesofisrael.com/netanyahu-told-ministers-us-cant-be-counted-on-against-iran-report/
(20) Top Us Official: We Can’t
Force Iran To Change, But Have Cornered It, YONAH JEREMY BOB, NOVEMBER 11, 2019 https://www.jpost.com/Middle-East/Top-US-official-We-cant-force-Iran-to-change-but-have-cornered-it-607529
(21) Top Us Official: We Can’t Force Iran To Change, But Have Cornered It op. cit.
(22) Top Us Official: We Can’t Force Iran To Change, But Have Cornered It op. cit.
(23)
Prepare For War – The
Right Way, David M. Weinberg, 25 oct.
2019, https://www.jpost.com/Opinion/Prepare-for-war-the-right-way-605734
(24) Saudi Arabia’s Black September, op. cit.
(25) Israel's true failures on Iran , Dr. Limor Samimian-Darash, 10 oct. 2019 https://www.israelhayom.com/opinions/israels-true-failures-on-iran/
(26) Foreign-policy experts predict that an Iranian
attack on Israel is just a matter of time, Israel Kasnett JNS 04 nov. 2019 https://www.jns.org/foreign-policy-experts-predict-that-an-iranian-attack-on-israel-is-just-a-matter-of-time/
Auteur : Jean-Pierre Bensimon
Date de première publication : 14 novembre 2019
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